La Foire impériale de Leipzig 1941
Le 1er mars 1941, l’Empire allemand a émis une série philatélique intitulée La Foire impériale de Leipzig 1941 (Reichsmesse Leipzig 1941). Cette série est composée de quatre timbres-poste monochromes dédiés à des monuments importants de la foire qui s’est tenue à Leipzig du 2 au 8 mars 1941.
Les timbres-poste portent l'inscription Deutsches Reich, signifiant « Empire allemand ». Ils présentent le logo « double M » de la foire de Leipzig, créé à la fin des années 1910. Leurs valeurs faciales sont données en Reichspfennig, la sous-unité monétaire du Deutsche Mark utilisé à l'époque du Troisième Reich.
L'origine de la Foire de Leipzig remonte au XIIe siècle, dans le contexte de la croissance du commerce et de l'urbanisation des grandes villes médiévales. La Foire médiévale de Leipzig est rapidement devenue un carrefour commercial majeur en Europe centrale. Elle a joué un rôle essentiel dans le développement économique et culturel de la Saxe.
Au fil des siècles, la Foire de Leipzig est devenue un carrefour commercial de premier plan en Europe, attirant des marchands de tout horizons pour échanger leurs marchandises.
Les salons d’exposition de la Foire de Leipzig
Au cours du XIXe siècle, la foire traditionnelle de Leipzig a évolué pour devenir un complexe de salons d’exposition de plus en plus spécialisés. Ce phénomène s'est intensifié avec la diversification croissante des activités économiques.
Représentation d'un stand d'exposition de fils et de tissus vers 1860
Au XXe siècle, la tenue des salons d’exposition de la Foire de Leipzig est devenue un événement commercial majeur en Europe, attirant des exposants et des visiteurs du monde entier. La foire s'est imposée comme un lieu de présentation des innovations techniques, mettant en avant les avancées industrielles et technologiques.
À partir de 1920, un parc de 50 hectares fut progressivement aménagé au sud-est de la ville pour accueillir les expositions de la Foire technique. En 1940, ce parc comprenait 19 pavillons, dont des bâtiments témoignaient de l'ambition de Leipzig de devenir une vitrine de l'industrie allemande.
Les secteurs représentés dans ces pavillons comprenaient :
L'industrie automobile
Avec l'essor de l'automobile, des concepteurs d’automobiles y exposaient leurs derniers modèles et innovations techniques.
L'électroménager
Les nouvelles technologies dans les appareils domestiques, tels que les réfrigérateurs, les machines à laver et les aspirateurs, étaient mises en avant.
Les machines-outils et les équipements industriels
La foire servait de vitrine pour les avancées dans le domaine de la fabrication, montrant des machines innovantes pour l'industrialisation et la production de masse.
L'agriculture
Des expositions consacrées aux outils agricoles, aux machines pour l’agriculture et aux nouvelles techniques de production étaient également présentes.
L'art et les arts graphiques
Les avancées dans le domaine de la publicité, de l'impression et du design graphique étaient également mises en lumière.
La chimie et la pharmacie
De nombreuses entreprises exposaient des produits chimiques, des médicaments et des innovations dans le domaine de la santé.
Les technologies électriques et les télécommunications
L'essor de l'électricité et des premières formes de communication à distance, comme les téléphones et les systèmes de transmission, étaient largement représentés.
Les livres et les maisons d’édition
Depuis l’invention de l’imprimerie, Leipzig a été un centre important de l'imprimerie et de la publication de livres. Le marché du livre de Leipzig, qui remonte à 1550, se tenait à la foire. Les principales maisons d'édition de Leipzig sont Reclam, Brockhaus, Teubner, et S. Hirzel Verlag.
En concentrant en un seul lieu une offre diversifiée de produits, les salons d’exposition de la Foire technique de Leipzig dynamisaient les secteurs industriels européens.
Leipzig : « La Ville des foires impériales de Leipzig »
En 1934, Adolf Hitler se rend à Leipzig, une ville où la résistance contre les nazis était présente. Hitler cherchait à renforcer l'influence nazie en montrant sa présence et en soutenant des événements de propagande. Il visita plusieurs sites importants de la ville, dont la foire, qui était devenue le symbole du dynamisme économique allemand.
Adolf Hitler examinant une machine à filer exposée dans un salon de la Foire de Leipzig en 1934
Cette photo a été modifiée et provient du domaine public.
Hitler tint des discours publics pour promouvoir la politique du régime nazi et sa vision pour l'Allemagne. L'objectif était de renforcer la légitimité du régime en consolidant le soutien dans les grandes villes industrielles et commerciales.
Adolf Hitler dans un salon de la Foire de Leipzig en 1934
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Dans les années suivantes, Leipzig devint un centre important de la propagande nazie. De nombreux événements de soutien au régime furent tenus dans la ville, en particulier autour de la foire, qui devint un outil de propagande pour promouvoir les politiques du Troisième Reich.
En 1933, une organisation appelée la Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer) a été créée. Placée sous l'autorité de Joseph Goebbels, ministre de l’Éducation populaire et de la Propagande, cette institution visait à uniformiser et à contrôler toutes les expressions artistiques et intellectuelles à travers sept chambres spécialisées couvrant les beaux-arts, la littérature, le théâtre, la musique, le cinéma, la radio et la presse écrite.
En 1936, une conférence des libraires est donnée par Goebbels à Leipzig. Le but de cette conférence était de coordonner les autorités nazies et les libraires, afin de s'assurer que la littérature diffusée en Allemagne soutenait les idéaux du nazisme. Leipzig, ville du livre et de l’édition, se vit ainsi imposer une nouvelle mission : garantir la pureté idéologique de la production littéraire allemande.
Joseph Goebbels à la Conférence des libraires donnée à Leipzig en 1936
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Dans son discours, Goebbels affirmait l'importance de l'édition et des librairies dans la diffusion de la propagande nazie. Il encouragea les libraires à ne pas seulement vendre des livres, mais à jouer un rôle actif dans la sélection et la promotion des ouvrages conformes à l'idéologie du régime. Il a également insisté sur la nécessité d'éliminer toute littérature qui pourrait remettre en question l'ordre nazi ou prôner des idées démocratiques, socialistes ou pacifistes.
Le maire de Leipzig, Carl Friedrich Goerdeler, démissionna de sa fonction le 31 mars 1937, en raison de son désaccord avec les politiques répressives du régime et la propagande nazie. Le 20 décembre 1937, Leipzig est rebaptisée « Ville des foires impériales de Leipzig » (Reichsmessestadt Leipzig), un symbole de l'intégration de la ville dans l'effort de propagande nazie.
À partir de ce moment, le complexe de la Foire technique de Leipzig fut adapté pour servir de site de production et de stockage pour des équipements militaires. De nombreux pavillons d'exposition furent reconvertis en ateliers pour assembler de pièces de machines, fabriquer des munitions et produire des équipements militaires.
Des entreprises civiles ont été contraintes de réorienter leurs chaînes de montage pour fabriquer des équipements de guerre. Parmi ces activités de production, on pouvait trouver :
- la fabrication de munitions et de composants d'armements ;
- la production de véhicules blindés et de chars ;
- la fabrication de pièces détachées pour les avions de guerre et les véhicules militaires ;
- la production de matériel électronique et de technologies de communication utilisées pour les armées.
La transformation d’une partie de la foire en un site de production militaire s'est intensifiée à partir de 1939. Les exposants y présentaient des produits allemands, tels que de nouveaux équipements militaires, des technologies de pointe utilisées sur les fronts ainsi que des produits de consommation destinés à soutenir l’effort de guerre. Le processus s'est encore amplifié au cours des années 1940 et 1941, lorsque la demande en matériel de guerre devint de plus en plus pressante.
La Foire de Leipzig au début des années 1940
Au début des années 1940, alors que le conflit mondial faisait rage en Europe, les conditions de la foire de Leipzig étaient bien différentes de celles d’avant-guerre. Les expositions avaient lieu un climat de plus en plus marqué par les priorités liées au conflit mondial.
La foire de 1941 a été particulièrement importante, en raison de son utilisation dans le contexte historique du Troisième Reich : ses expositions devaient montrer au monde que l’Allemagne du Troisième Reich était en position de force.
L’image suivante montre Léopold Gutterer, secrétaire d'État au sein du ministère de l'éducation du peuple et de la propagande du Reich, visitant une exposition de la foire de Leipzig en 1941.
Léopold Gutterer (homme à gauche) visite les salons de la Foire de Leipzig en 1941
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Au début des années 1940, les appareils radio étaient devenus des éléments essentiels de la vie quotidienne, diffusant à la fois des programmes de divertissement et de la propagande politique.
L'utilisation de la radio en Allemagne a été fortement encouragée par le régime nazi, qui a compris son potentiel en tant qu'outil de contrôle de l'information et de manipulation de l'opinion publique. Une des initiatives les plus célèbres pour promouvoir l'accès à la radio dans les foyers allemands fut la production du Volksempfänger « Le Récepteur du peuple » par la société Philips.
Une jeune femme examine un modèle d'un « Récepteur du peuple » au salon de la Foire de Leipzig en 1940
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Le « Récepteur du peuple » était un modèle de radio conçu pour être abordable, afin que les classes populaires puissent se permettre d'en acheter un. Ces appareils étaient caractérisés par leur design simple, avec des boîtiers en bois et des grilles rectangulaires, rondes ou ovales.
Des objets de la vie quotidienne étaient également exposés à la foire, mais l’accès à ces biens était plus difficile en raison de leur rareté, de leur coût élevé ou des restrictions imposées par les autorités. Leur possession demeurait un privilège réservé aux élites sociales.
Par exemple, la porcelaine est une industrie emblématique de la Saxe depuis le début du XVIIIe siècle. Cette production a contribué à l'essor économique de la Saxe et est devenue un symbole de luxe et de prestige.
Femme présentant de la porcelaine de Saxe dans un salon de la Foire de Leipzig en 1940
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, les pénuries de matières premières essentielles à la production de la porcelaine, telles que le kaolin et le feldspath, ont entravé la capacité des fabricants à maintenir leur niveau de production.
Comme beaucoup d'autres industries en Allemagne, l'industrie de la porcelaine a été partiellement réorientée vers la production militaire : certaines usines de porcelaine ont dû commencer à fabriquer des articles destinés à l'armée, comme des pièces de rechange, des insignes et des décorations.
Les timbres-poste monochromes de La Foire du Reich de Leipzig 1941
La série philatélique La Foire impériale de Leipzig 1941 est un exemple de l’exaltation de la puissance d’un régime à travers des images soigneusement conçues.
Le design de ces timbres-poste a été conçu par Erich Ludwig Stahl, un artiste ayant exercé ses talents de peintre, de graphiste et de lithographe au service du Troisième Reich. Stahl était employé à l'imprimerie de Berlin, où il a contribué à la création de diverses œuvres graphiques officielles, dont des timbres-poste.
Produits en gravure taille-douce, ces timbres-poste se distinguent par leurs couleurs franches et saturées. Les contrastes sur les illustrations monochromes créent une belle illusion de profondeur et rendent les représentations de la foire particulièrement réalistes.
La typographie utilisée reflète les standards graphiques de l'époque, avec une police robuste et sans fioritures, qui renforce l'autorité et la clarté du message.
La Maison populaire de Leipzig (Völkshaus Leipzig)
Le premier timbre-poste de la série présente la Maison populaire de Leipzig, un lieu important pour les rassemblements et les événements socio-politiques depuis de début du XXe siècle.
Le bâtiment est représenté sous un angle légèrement décalé, ce qui permet de dévoiler plus de détails architecturaux. Il comporte de grandes fenêtres rectangulaires ornées de colonnes et de pilastres. De grands arches soutiennent le bâtiment dans sa partie inférieure, dont on peut apprécier la finesse des courbes et le détail minutieux des briques.
Le timbre-poste a été imprimé dans la couleur brune. Cette teinte donne un ton historique, voire rétro à l’illustration. L’ombre et la lumière sont subtilement utilisées pour mettre en valeur la forme du bâtiment et de ses détails.
Dans le contexte spécifique de l'Allemagne nazie, le brun porte une forte charge idéologique : le brun était la couleur emblématique des chemises brunes, les SA (Sturmabteilung), une organisation paramilitaire nazie. Ce choix peut refléter un lien avec les valeurs militaires et nationalistes promues par le régime.
La Maison populaire de Leipzig a été construite à l’initiative d’associations ouvrières qui voulaient établir dans la ville une salle syndicale. L’achat du terrain et le financement de la construction du bâtiment ont été rendus possibles par des dons des travailleurs, ainsi que des cotisations syndicales et des organismes du Parti social-démocrate. La Maison populaire de Leipzig a ouvert ses portes le 15 juin 1906.
Véritable plateforme pour les réunions syndicales de la classe ouvrière, le public pouvait aussi y assister à des soirées dansantes et à des concerts, à des représentations théâtrales et des projections de films, etc.
La Maison populaire contenait également une multitude de services : un centre juridique, un espace conseil pour les locataires, des salles de réunion, une salle de fêtes, des restaurants, des commerces, un hôtel et un vaste jardin. Une bibliothèque publique complétait cet ensemble.
Pendant les jours de la foire, l’édifice devenait un lieu de rencontre pour des événements parallèles aux salons d’exposition, tels que des conférences, des discussions politiques et des représentations artistiques. La Maison populaire participait ainsi à l'enrichissement du tissu social de Leipzig, en lien avec les activités de la foire.
Le 2 mai 1933 marque un tournant sinistre pour la Maison populaire de Leipzig : expropriée par le Front du travail allemand, elle fut désormais vouée à servir les desseins du régime nazi. Sous la nouvelle appellation « Maison du travail » (Haus der Arbeit), ce lieu, autrefois dédié à la cause ouvrière, se transforma en un instrument de propagande et de contrôle, dans lequel les idéaux nazis étaient exaltés et les travailleurs formatés aux impératifs de l'économie nazie.
La Salle de concert de Leipzig (Gewandhaus Leipzig)
Le second timbre-poste présente la Salle de concert de Leipzig dans toute sa splendeur architecturale, avec une vue détaillée de sa façade néoclassique.
La gravure de l’illustration a été exécutée dans un style réaliste et impose une perspective soulignant la grandeur de l'édifice. Les lignes nettes et les détails de l'architecture sont mis en valeur par une lumière qui semble provenir de derrière le bâtiment, créant un effet de halo.
Le choix de la couleur verte symbolise la vitalité de l'Allemagne au début des années 1940, un pays en pleine expansion et en quête de grandeur. Le vert transmet un message de dynamisme et de prospérité, en particulier dans un moment où le régime politique en place cherche à promouvoir ses succès et à présenter une image positive du pays.
La Salle de concert de Leipzig a été construite entre 1882 et 1884 selon les plans des architectes de Martin Gropius et Heino Schmieden. Il s’inscrit dans la courant historicisme, un mouvement architectural qui se caractérise par un retour aux styles architecturaux du passé.
La Salle de concert Leipzig en 1932
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Les concerts donnés durant les jours de la foire offraient une dimension artistique à l’événement commercial, unissant les échanges commerciaux avec la richesse musicale de la ville. Les marchands et les industriels se retrouvaient dans ce lieu dans une atmosphère conviviale et festive, dans laquelle la musique et la culture étaient mises à l'honneur.
On remarque sur la photo la présence d’une statue, qui est celle de Félix Mendelssohn. En tant que compositeur, chef d'orchestre et fondateur du Conservatoire de musique de Leipzig, Mendelssohn avait joué un rôle important dans la vie musicale de la ville.
La statue de Mendelssohn n’est pas représentée sur le timbre-poste, car elle fut retirée en 1936 et probablement détruite par les nazis, en raison de l'ascendance juive du compositeur.
Le bureau de la Foire de Leipzig (Messebüro Leipzig)
Le timbre-poste suivant montre le bâtiment nommé « ancienne balance » (Alte Waage), en raison de sa fonction initiale : au XVIe siècle, les marchandises de la foire y étaient pesées et des frais étaient perçus en fonction du poids des produits.
Ces redevances étaient partagées entre la ville et le souverain, qui bénéficiaient chacun d'une part de ces revenus. Le trésor municipal constituait plus d'un quart de son revenu annuel avec ces redevances.
Le timbre-poste présente une belle reproduction de cet édifice construit en 1555. La façade comprend plusieurs fenêtres rectangulaires avec des volets de chaque côté. Elle est ornée d’un toit à deux versants ornés de pignons avec des formes arrondies. Ce style de construction est typique de l’architecture allemande de la Renaissance.
Le bâtiment est représenté avec une perspective légèrement en contre-plongée, ce qui accentue sa hauteur et sa grandeur. Ce choix graphique transmet un sentiment d’importance. L'arrière-plan présente d'autres bâtiments moins détaillés, donnant une impression de profondeur et d'urbanisme.
La couleur rouge foncé semble avoir été choisie pour son fort impact visuel. Par son utilisation dans la propagande visuelle, le rouge foncé symbolisait l'autorité et l'importance de l'événement illustré sur le timbre-poste.
« L'ancienne balance » (à droite) de la place du marché a abrité le bureau de la Foire de Leipzig pendant 26 ans
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L'édifice était situé sur la place principale de Leipzig, à proximité du marché central. Au fil du temps, l'Alte Waage est devenue un symbole du commerce et de l'influence économique de la ville. Le bâtiment a été un point de repère important pour les commerçants et les visiteurs de la ville et a servi à plusieurs fonctions administratives, économiques et sociales.
Le bureau de la foire de Leipzig a été installé dans ce bâtiment en 1917. Ce bureau s’occupait de l’organisation logistique des activités foraines, telles que l'organisation des stands, la disposition des produits et l’inscription des entreprises présentes.
Il était également chargé de la gestion des finances, de la sécurité sur le site, de la réglementation des exposants, ainsi que de l'organisation des services nécessaires au bon déroulement de la foire.
Le terminal ferroviaire de Leipzig (Leipzig Hauptbahnhof)
Le dernier timbre-poste de la série est consacré au terminal ferroviaire de la gare de Leipzig. Inaugurée le 4 décembre 1915, cette gare s'impose encore aujourd’hui comme l'une des plus vastes gares au monde.
La gravure de ce timbre-poste se caractérise par un graphisme relativement simple mais efficace, utilisant des lignes nettes afin de créer une représentation claire de la gare.
La gare est montrée dans une perspective légèrement oblique, permettant de voir l'ensemble du bâtiment dans son environnement immédiat. Les détails architecturaux sont simplifiés mais reconnaissables, tels que les grandes fenêtres et la structure en verre du toit.
La couleur bleu brillant est un choix de teinte qui confère à l'illustration une atmosphère spécifique. Le bleu symbolise la grandeur, la modernité et l'autorité. Cette teinte évoque également un sentiment de futurisme et d’avancée technologique, des valeurs qui étaient au cœur de l'image publique de l'Allemagne durant les années 1930 et 1940.
Le style architectural de la gare est une combinaison des courants historicisme et Art Nouveau. Ce style se caractérise par une esthétique fluide et élégante, proposant des lignes courbes, des motifs floraux et des décorations complexes.
Le terminal ferroviaire de Leipzig
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L'Art Nouveau a exploré l'utilisation de nouveaux matériaux tels que le fer forgé, l’acier et le verre, pour des créations alliant fonctionnalité et décoration. L'une des caractéristiques les plus remarquables de la gare est son hall central qui est couvert par une grande verrière en acier et en verre. Cette structure constituait une innovation audacieuse pour l’époque.
La façade de cette gare s’étend sur 298 mètres de long et présente deux grands halls d’entrée. Ces halls étaient reliés par d’imposantes arches en pierre. Dans les années 1940, le terminal de Leipzig comportait 26 quais d’embarquement, abrités dans six hangars.
Au XXe siècle, l'ouverture de nouvelles lignes ferroviaires et les améliorations importantes des infrastructures ont encore renforcé son rôle de carrefour de transit. À partir des années 1930, Leipzig est devenue un point stratégique pour le transport de marchandises, en particulier pour les industries liées à la production militaire.
La Saxe étant une zone stratégique pendant la guerre, la gare centrale de Leipzig a été un centre d'approvisionnement militaire important. Elle a joué un rôle important dans le transport des troupes, de l'équipement militaire, ainsi que des ressources nécessaires à la guerre.
La « Ville des foires du Reich » sous les bombes
Grâce à une série de victoires décisives durant les premières années de la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich s’était trouvé en position de force militaire et économique jusqu'en 1942. Le régime nazi avait profité d'une économie de guerre florissante, avec un soutien militaire massif et une mobilisation de ressources considérables.
À partir de 1942, la situation commença à se détériorer : la défaite allemande à Stalingrad en février 1943 marqua un tournant décisif, suivie par et l'entrée en guerre des États-Unis et des séries de bombardements alliés sur les régions allemandes.
En 1943, plusieurs villes stratégiques allemandes ont été frappées par des raids aériens menés par les forces britanniques : Hambourg, Dresde, Berlin, Nuremberg, Cologne, Essen et Leipzig. Le but de ces attaques était de détruire les usines de production de munitions et les installations ferroviaires utilisées pour soutenir l'effort de guerre.
Des raids aériens larguent des bombes sur les villes allemandes
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Le 4 décembre 1943, entre 3h50 et 4h25, Leipzig fut frappée par un bombardement intense mené par 400 avions de la Royal Air Force : près de 1000 tonnes de bombes incendiaires et explosives furent larguées sur la ville.
La ville fut saisie par une violente tempête de feu, un phénomène au cours duquel des incendies, alimentés par des bombes incendiaires, créent des vents de chaleur extrême, aspirant l'air et exacerbant les flammes.
La destruction de la ville fut considérable, incluant les zones industrielles, les quartiers résidentiels, les bâtiments publics et les monuments historiques. Sur le site de la foire, 4 pavillons d’exposition furent complètement détruits et 14 partiellement détruits.
Un autre raid dévastateur eut lieu durant la nuit du 20 au 21 février 1944 : des centaines de bombardiers alliés larguèrent des bombes sur une grande partie de la ville. D’autres raids aériens eurent lieu au début de l'année 1945, alors que la fin de la guerre approchait.
Les bombardements ont infligé des dommages considérables sur le patrimoine architectural de Leipzig. La Maison populaire, instrument de contrôle du régime nazi, et la Salle de concert, joyau de l'architecture néoclassique, ont été gravement endommagées. La Salle de concert a dû même être démolie, interrompant ainsi une tradition musicale séculaire.
Le bâtiment historique de l'ancienne balance, a été complètement détruit, tandis que la gare centrale a subi de lourds dégâts. Malgré les efforts de reconstruction, ces événements ont marqué un tournant dans l'histoire de Leipzig, laissant des cicatrices durables sur son paysage urbain et culturel.
Les activités de la Foire de Leipzig furent suspendues à partir de décembre 1943. Cette suspension est le reflet de l’impact de la guerre sur la vie quotidienne, marquant la fin d'une époque pour cette ville emblématique.
Les timbres-poste : des outils de manipulation au service du pouvoir
La série philatélique commémorant la Foire de Leipzig en 1941 constitue un témoignage poignant de l'instrumentalisation d'un événement historique par le régime nazi. À travers ces timbres-poste, le Troisième Reich cherchait à projeter une image de puissance, de modernité et d'unité nationale, tout en dissimulant les réalités d'une société en proie à des tensions profondes. Les bâtiments représentés, symboles de l'histoire et de la culture de Leipzig, étaient autant de supports pour véhiculer une propagande efficace.
Aujourd'hui, cette série philatélique nous invite à une réflexion sur les mécanismes de la propagande et sur l'importance de décrypter les messages cachés derrière les images. Elle nous rappelle également que l'histoire est faite d'ombres et de lumières et que même les événements les plus fastueux peuvent cacher des réalités plus sombres.
R. Simard
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