C'est à la Baie-Saint-Paul que tout a commencé

À la Baie Saint-Paul

Peinture de Marc-Aurèle Fortin (1888-1970)

Émis le 22 mai 1981 par le Canada

Quand j'étais adolescente, j'avais une tante qui habitait à la Baie Saint-Paul, un petit coin de paradis niché dans la magnifique région de Charlevoix. Elle avait une passion bien particulière : elle collectionnait des timbres-poste. Un jour, alors que j’étais en visite chez elle et que nous étions toutes les deux dans sa cuisine, elle décida de me dévoiler son univers secret.

 

Elle me montra fièrement ses albums. Le premier était dédié aux timbres du Canada. À chaque page que je tournais, je découvrais des paysages, des personnages historiques et des scènes qui  racontaient des histoires d’un autre temps.

 

Le deuxième album contenait des timbres des États-Unis, avec leurs couleurs vives et leurs références à des événements majeurs du pays. Puis, elle me tendit un troisième album, celui consacré à la Cité du Vatican. Les timbres y étaient d'une beauté presque mystique, représentant des papes, des cathédrales et des moments sacrés.

 

Mais c’est un quatrième album qui attira particulièrement mon attention : une collection thématique sur la musique. Chaque timbre y portait une mélodie silencieuse, des instruments anciens aux grands compositeurs. Je me souviens d’avoir été absorbée dans cette exploration, fascinée par la diversité des timbres et la richesse des notes que ma tante avait inscrites.

 

Observant mon émerveillement, elle sourit et me dit : « Quand tu collectionnes des timbres, tu apprends plein de choses. » Un classeur de timbres contenait des timbres-poste qu’elle avait en double. Elle en sélectionna plusieurs et me les donna, dont celui qui est présenté dans cet article.

 

Tout le monde ne voyait pas cette collection de timbres-poste avec les mêmes yeux. J’ai vu, par la suite, que des voix s’élevaient parfois dans l’entourage de ma tante, pour critiquer ce qu’elle faisait : « Qu’est-ce que tu vas faire de tout ça ? », « Ça ne sert à rien », « Ça coûte cher » et même « C’est juste des bouts de papier ! »

 

Ma tante restait imperturbable. Pour elle, chaque timbre avait une valeur bien plus grande qu’un simple morceau de papier. Ils étaient des fenêtres ouvertes sur le monde secret qu’elle avait créé.

 

Quand je la regardais tourner les pages de ses albums avec un soin et un amour évident, je compris que, pour elle, cette collection de timbres-poste était bien plus qu’un passe-temps : c’était une manière d’explorer le monde sans quitter son petit coin de Charlevoix. Une manière de voyager dans le temps et l’espace, un timbre à la fois.

 

Cette tante m’a transmis sa passion des timbres-poste, une passion qui continue de me fasciner et de m’ouvrir à des histoires venues des quatre coins du monde.

R. Simard