Chronique sur les grands personnages de l'histoire : les Tudors
Sérénité maternelle : le portrait de Jane Seymour
Portrait de Jane Seymour
Réalisé vers 1536-1537 par Hans Holbein le Jeune
Huile sur panneau de chêne, 65,4 cm x 40,7 cm
Conservé au Musée d’Histoire de l’art à Vienne
Jane est représentée légèrement de profil, avec une posture droite et gracieuse. Son expression est douce et sereine, avec un regard posé et calme. Elle tient ses mains jointes devant elle, dénotant une attitude digne.
Jane porte une robe de velours rouge, ornée de broderies dorées et de motifs complexes. Cette robe est décorée de perles et de pierres précieuses, ajoutant une touche de luxe et de richesse à son apparence. Les manches sont amples, ornées de dentelles et de broderies fines, typiques des vêtements de cour de la Renaissance.
Jane porte un collier en or massif ainsi qu'une coiffe en velours noir avec des panneaux latéraux décorés de bijoux. Elle porte également une bague précieuse à la main gauche, soulignant son statut royal.
En tant que mère d'Édouard VI, Jane représente la continuité dynastique pour Henri VIII, et son portrait incarne cette importance.
Faits marquants sur Jane Seymour (vers 1508-1537)
- Jane Seymour fut la troisième épouse du roi Henri VIII.
- Son mariage avec le roi eut lieu onze jours après l'exécution d’Anne Boleyn.
- Elle fut reine d'Angleterre pendant un an et cinq mois.
- Elle donna naissance à un fils, Édouard VI, qui devint roi d'Angleterre à l'âge de neuf ans.
- Elle est considérée comme l'une des épouses les plus aimées d'Henri VIII.
La reine discrète
Jane Seymour est née dans une famille noble au manoir de Wulfhall dans le Wiltshire, en Angleterre. Ses parents, Sir John Seymour et Margery Wentworth, étaient des personnalités influentes à la cour. Jane reçut une éducation typique des filles de la noblesse de son époque, centrée sur les arts domestiques, la couture et la gestion d'un grand ménage.
Jane fut d’abord au service de la reine Catherine d'Aragon, puis à celui d'Anne Boleyn. Sa présence discrète et son caractère réservé lui valurent une bonne réputation à la cour.
Elle attira l'attention d'Henri VIII en janvier 1536, au moment où le couple royal était en crise. Les événements s’enchaînèrent rapidement : les fiançailles eurent lieu le 20 mai 1536 —le lendemain de l’exécution d’Anne— et les épousailles le 30 mai.
Il semble qu’Henri ait quelque peu regretté sa précipitation dans le choix de sa nouvelle épouse. En effet, « Huit jours après la publication de son mariage, ayant rencontré deux très jolies jeunes filles, il exprima sa contrariété de ne pas les avoir vues avant de s’être marié[1]. »
Fort heureusement pour Jane, elle eut la chance de bientôt mettre au monde le futur roi d’Angleterre, Édouard VI.
Le prix de la maternité : le décès prématuré de Jane
Malheureusement, Jane mourut quelques jours après la naissance de son fils, le 24 octobre 1537.
Sa mort plongea Henri VIII dans une profonde tristesse et il la considérera toujours comme sa « véritable épouse », ironie du sort pour celle qui lui avait donné l'héritier tant espéré.
Henri VIII pleure la mort de sa troisième épouse
Jane Seymour fut inhumée avec les honneurs royaux à la chapelle Saint-Georges au château de Windsor. Cette reine est souvent idéalisée dans l'histoire, car elle est vue comme la femme qui apporta la paix et la stabilité dans la cour troublée d'Henri VIII.
Le portrait d’Anne de Clèves : un chef-d’œuvre de Hans Holbein
Portrait d’Anne de Clèves
Réalisé en 1539 par Hans Holbein le Jeune
Huile et vélin sur toile, 65 cm x 48 cm
Conservé au Musée du Louvre à Paris
Faits marquants sur Anne de Clèves (1515-1557)
- Anne de Clèves était la quatrième épouse du roi Henri VIII.
- Le portrait d'Anne de Clèves réalisé par Holbein le Jeune est d'une grande importance dans l’histoire des relations diplomatiques entre l’Angleterre et les autres cours.
- Ce portrait est considéré comme un chef-d'œuvre de la Renaissance anglaise.
- Son mariage avec Henri fut annulé moins de six mois après sa célébration.
- Elle reçut le titre de « sœur bien aimée » du roi après l'annulation de son mariage.
Une pièce dans le jeu politique : un mariage diplomatique
Anne de Clèves est née à Düsseldorf, en Allemagne, dans une famille noble de la maison de La Marck. Son père, Jean III de Clèves, était duc de Juliers, de Clèves et de Berg. Sa mère, Marie de Juliers-Berg, provenait d’une famille noble influente. Anne reçut une éducation axée principalement sur les tâches domestiques et la piété.
Le mariage entre Anne de Clèves et Henri VIII fut orchestré par Thomas Cromwell, ministre principal du roi, qui cherchait alors à créer des alliances entre l'Angleterre et les autres puissances protestantes.
À la demande du roi d’Angleterre, le peintre Hans Holbein le Jeune se rendit en terre allemande chez le duc de Clèves, afin de réaliser le portrait de sa fille cadette Anne. C'est en voyant cette représentation d’Anne de Clèves qu’Henri accepta d'épouser la jeune allemande.
Anne de Clèves arriva en Angleterre en décembre 1539 et épousa Henri VIII le 6 janvier 1540. Dès leur première rencontre, Henri exprima une vive déception quant à l'apparence physique de la jeune femme, jugeant qu'elle ne correspondait pas au portrait qu'il avait vu. Il fut pris « d’un tel mécontentement et dégoût qu’après avoir grommelé à peine vingt paroles, il la quitte si bouleversé qu’il ne lui offre même pas son cadeau[2]. »
Henri VIII est déçu de sa quatrième épouse
Cette déception fit de leur mariage une union froide et sans amour, un triste témoignage de la fragilité des relations matrimoniales dans les cours royales, où l'amour était presque toujours subordonné aux intérêts politiques.
La « sœur bien-aimée » du roi
Le mariage d’Anne de Clèves et d’Henri VIII ne dura que six mois. En juillet 1540, leur union fut annulée sur la base de la non-consommation du mariage et d’autres prétextes politiques et personnels.
Contrairement à ses précédentes épouses, Anne accepta l'annulation de son mariage avec grâce et dignité, ce qui lui valut le respect et la bienveillance du roi. Elle reçut une généreuse pension ainsi que des propriétés et fut honorée par Henri en tant que « sœur bien-aimée » du roi.
Anne de Clèves est souvent perçue comme une figure sympathique dans l'histoire des épouses d'Henri VIII. Elle est rappelée comme une femme digne et sage, ayant su tirer le meilleur parti d'une situation difficile.
Jeunesse et fraîcheur : le portrait de Catherine Howard
Portrait de Catherine Howard
Attribué à Hans Holbein le Jeune, réalisé à une date inconnue
Huile sur panneau de bois, 71,1 cm x 48,3 cm
Conservé à Hever Castle dans le Kent au Royaume-Uni
Le portrait de Catherine Howard figurant sur le timbre-poste est associé à l'atelier d'Hans Holbein le Jeune, bien que l'attribution directe à ce grand maître soit parfois contestée.
Il présente une jeune femme à l'apparence douce et élégante et à l’expression calme et posée. Les traits de son visage évoquent sa jeunesse et sa beauté. Sa posture est droite et élégante, ajoutant à l'impression de noblesse et de grâce qu’elle dégage.
Elle porte une robe verte dont le tissu semble être de velours. Le vert est une couleur qui symbolise la jeunesse et la vitalité. Les manches bouffantes sont ornées de broderies de fil d’or disposées en motifs géométriques, et les poignets sont ornés de dentelle fine et de broderies dorées. La coiffe française est richement ornée de bordures dorées.
Faits marquants sur Catherine Howard (vers 1521-1542)
- Catherine Howard fut la cinquième épouse du roi Henri VIII.
- Elle était âgée de 17 ou 18 ans lorsqu'elle épousa le roi, qui lui en avait 49.
- Moins de deux ans après son mariage, elle fut accusée d'adultère et de trahison.
- Elle fut condamnée à mort et décapitée à la Tour de Londres.
La « rose sans épines »
Catherine Howard est née dans une famille noble anglaise, les Howard. Elle est la cousine d’Anne Boleyn et de Jane Seymour. Son père, Lord Edmund Howard, était aristocrate. Sa mère, Joyce Culpeper, venait d'une famille prestigieuse.
En raison de la mort prématurée de sa mère, Catherine fut envoyée vivre avec sa belle-mère, la duchesse de Norfolk, qui gérait une grande maison avec de nombreuses jeunes filles de la noblesse. Dans cette maison, les jeunes filles avaient beaucoup de liberté, ce qui permit à Catherine de développer très tôt des relations amoureuses.
La jeune fille arriva à la cour en tant que dame de compagnie de la reine Anne de Clèves. Sa beauté et sa jeunesse attirèrent rapidement l'attention du roi, qui s’était mis en quête de nouvelles distractions après l'annulation de son quatrième mariage.
Henri épousa Catherine le 28 juillet 1540. Il la surnommait sa « rose sans épines » et lui prodiguait de nombreux cadeaux et faveurs.
Une rose fanée : la tragédie de Catherine Howard
Le roi, vieillissant et en mauvaise santé, était charmé par la jeunesse et la vivacité de sa jeune épouse. Cependant, il fut découvert que Catherine entretenait une relation amoureuse avec un courtisan nommé Thomas Culpeper. Une enquête fut ouverte et Henri apprit que sa jeune épouse avait eu « une vie dissolue » avant son mariage avec lui :
[…] la sentence lui reprochait « de s’être impudemment accouplée au roi par les liens du mariage » après avoir mené une « vie abominable, bassement charnelle, vicieuse et voluptueuse[3]. »
Le 8 novembre 1541, Catherine fut arrêtée et emprisonnée à la Tour de Londres. Son mariage avec le roi se termina de manière dramatique et brutale : elle fut exécutée le 13 février 1542. Elle n’avait que 21 ans.
Henri VIII est furieux contre sa cinquième épouse
Catherine Howard est souvent perçue comme une victime des circonstances, une jeune femme prise dans les intrigues et les dangers de la cour des Tudors. Sa brève période en tant que reine d’Angleterre et sa chute dramatique soulignent les dangers et les instabilités de la vie à la cour d'Henri VIII.
Une présence imposante : le portrait de Catherine Parr
Portrait de Catherine Parr
Réalisé par un artiste inconnu, fin XVIe siècle
Huile sur panneau de bois, 63,5 cm x 50,8 cm
Conservé au National Portrait Gallery à Londres
Catherine Parr est représentée avec une figure noble et sophistiquée. Sa posture est droite et majestueuse et son expression est calme et posée, dénotant la dignité et la sagesse qu'elle a apportées à la cour.
Elle est vêtue d’une robe rouge dont le tissu semble être une soie luxueuse. Le rouge est un symbole de richesse, de pouvoir et de dignité. La robe est richement brodée avec des fils d'or selon des motifs géométriques complexes.
Le corsage de la robe est rigide et bien structuré, renforcé par des baleines pour donner une silhouette en sablier, caractéristique de la mode de l'époque. Les manches sont larges et se terminent par de la dentelle aux poignets.
Catherine porte un chapeau noir, large et stylisé, selon la mode Tudor. Une plume blanche orne le chapeau, ajoutant une touche de contraste par rapport au noir du chapeau. Elle porte également une chaîne en or avec un pendentif précieux au centre.
Faits marquants sur Catherine Parr (1512-1548)
- Catherine Parr fut la sixième épouse du roi Henri VIII.
- Elle joua un rôle important dans la réconciliation d'Henri VIII avec ses filles, Marie et Elizabeth.
- Elle est considérée comme l'une des reines les plus instruites et les plus accomplies de l'histoire anglaise.
- Elle fut la seule des épouses d'Henri VIII à lui survivre.
La dernière épouse d'Henri VIII
Catherine Parr est née dans une famille noble. Son père, Sir Thomas Parr, était un courtisan au service de la couronne et sa mère, Maud Green, une dame d'honneur de Catherine d'Aragon.
Élevée dans un environnement cultivé, Catherine reçut une excellente éducation, apprit plusieurs langues et développa un intérêt profond pour les lettres et la religion. Avant d'épouser Henri, Catherine Parr avait été mariée et veuve deux fois.
Catherine épousa le roi le 12 juillet 1543 alors qu'il était âgé et malade. Elle s'occupa de lui avec dévouement et joua un rôle important dans la réconciliation du roi avec ses filles Marie et Elizabeth. Elle fut une belle-mère attentive aux besoins des enfants royaux, contribuant à leur éducation et à leur bien-être.
Catherine Parr s'occupa de son royal époux âgé et malade avec dévouement
Cette reine était une fervente réformatrice protestante et utilisait sa position pour promouvoir la Réforme anglaise. Elle écrivit plusieurs ouvrages religieux, dont Prières pour élever l’âme vers les méditations spirituelles en 1545, devenant ainsi la première reine d'Angleterre à publier un livre sous son propre nom.
Son autre ouvrage notable, Les Lamentations du pécheur, publié en 1547, exprimait ses convictions protestantes et son appel à la réforme religieuse.
Cependant, sa passion pour la Réforme religieuse faillit lui coûter la vie. En 1546, ses ennemis à la cour tentèrent de l'accuser d'hérésie. Catherine parvint, grâce à son intelligence, à apaiser Henri en feignant l'obéissance et en arguant que les discussions religieuses qu’elle entretenait n'étaient que pour sa propre édification :
[…] je n’ignore pas non plus, quelles sont les faiblesses et les imperfections que nous, femmes, avons depuis notre première création ; nous devons être inférieures et sujettes de l’homme qui est notre chef ; de ce chef proviennent tous nos ordres. […] Les faiblesses et les imperfections naturelles des femmes doivent être tolérées, admises et acceptées afin que, par sa sagesse, l’homme puisse suppléer tous ses manques[4].
Par cette habile manœuvre, Catherine parvint ainsi à conserver sa tête.
La vie après Henri
Après la mort d'Henri en janvier 1547, Catherine Parr retrouva sa liberté. Elle se remaria avec Thomas Seymour, oncle du roi Édouard VI et frère de Jane Seymour, avec qui elle avait eu une relation avant son mariage avec Henri. Leur mariage fut heureux, bien que de courte durée. Catherine donna naissance à une fille, Mary Seymour, en août 1548, mais elle décéda peu après à la suite de complications post-partum.
Les Tudors : une épopée gravée sur des timbres-poste
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R. Simard
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Références
[1] ERLANGER, Philippe, Henri VIII. Un « dieu » anglais aux six épouses, 2016, Perrin, p. 208.
[2] ERLANGER, Philippe, Henri VIII. Un « dieu » …, p. 230.
[3] ERLANGER, Philippe, Henri VIII. Un « dieu » …, p. 248.
[4] COTTRET, Bernard, Henri VIII. Le pouvoir par la force, 1999, Paris, Éditions Payot, p. 335.
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