Le 200e anniversaire du Prater de Vienne

Le timbre-poste monochrome présenté dans cet article s’intitule Le 200^e anniversaire du Prater de Vienne (200 Jahre Wiener Prater). Il a été émis le 19 avril 1966 par la République d’Autriche et commémore le 200^e anniversaire de l’ouverture du Prater, un grand parc de Vienne, au public.

Le Prater, un terrain de chasse privé

Au XVIIe siècle, sous le règne de l'empereur Maximilien II (1527-1576), une partie des vastes terrains au sud-est de Vienne avait été transformée en une grande réserve de chasse impériale, connue sous le nom de Prater. Ce mot est dérivé du latin pratum, signifiant « prairie ».

Maximilien II, passionné de chasse, voulait créer un espace privé dédié à cette activité pour la noblesse et la famille impériale. Le Prater devint ainsi une zone exclusive dans laquelle l'aristocratie pouvait s'adonner à la chasse et à des activités de loisirs en toute tranquillité.

Une partie de chasse dans le Prater au XVIe siècle

L'accès à ces terres était rigoureusement contrôlé. La population générale ne pouvait pas y entrer sans l’autorisation impériale. Des gardiens étaient chargés de surveiller les frontières de la réserve. 

L'aménagement du terrain était conçu pour répondre aux besoins de la chasse : des espaces boisés et des prairies étaient laissés intacts pour permettre la traque du gibier et des chemins étaient tracés pour faciliter les déplacements des seigneurs et de leurs chasseurs.

L’ouverture du Prater au public

En 1766, l’empereur Joseph II, frère de Marie-Antoinette, prit la décision d’ouvrir le Prater au public. Cette décision reflétait l’esprit des Lumières, un mouvement intellectuel qui mettait l'accent sur les principes de liberté, de rationalité et de partage des biens communs.

Joseph II voulait offrir aux citoyens de Vienne un espace de loisirs, tout en favorisant leur bien-être physique et moral par l'accès à la nature.

Le public viennois dans le Prater au XVIIIe siècle

L’ouverture du Prater au public marqua ainsi un changement dans la façon dont les Viennois percevaient et utilisaient l’espace urbain. Le parc devint un lieu où les classes sociales se côtoyaient, tout en profitant des bienfaits de l’air pur et de la verdure. Une rareté dans les grandes villes de l'époque.

La Grande roue de Vienne

La Grande roue de Vienne (Wiener Riesenrad) est un monument qui a été inauguré le 21 juin 1897 à l'occasion du jubilé d’or de l’empereur François-Joseph (1830-1916). Elle a été conçue par l’ingénieur civil britannique Hubert Cecil Boot.

Avec ses 65 mètres de hauteur, cette roue offre une vue spectaculaire sur Vienne et est un point de repère emblématique pour les Viennois et les visiteurs étrangers. Son diamètre est de 61 mètres et sa structure en fer pèse 430 tonnes. Elle comportait à l'origine 30 nacelles.

La Grande roue de Vienne en 1921

Cette photo a été modifiée et provient du domaine public.

Lors des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, le monument viennois fut gravement endommagé par des bombardements. Les forces alliées avaient mené des attaques aériennes sur la ville afin d’affaiblir les positions allemandes. Elles ont ciblé des infrastructures stratégiques, y compris des éléments du Prater.

Une grande partie de la structure de la grande roue fut détruite, ainsi que plusieurs de ses nacelles. Sur les 30 nacelles d’origine, seules 15 ont pu être récupérées et réinstallées après la guerre. Dans les années qui suivirent la fin de la guerre, la Grande roue de Vienne a dû être reconstruite avant de pouvoir reprendre son activité.

Bien qu'elle ait perdu une partie de sa splendeur d'origine, la grande roue de Vienne demeure encore aujourd'hui l'un des symboles les plus emblématiques de cette ville.

Le timbre-poste monochrome sur le bicentenaire du Prater de Vienne

La gravure sur le timbre-poste montre la Grande roue de Vienne dans une vue panoramique. Elle forme une silhouette imposante, se détachant clairement dans le paysage environnant.

Ce timbre-poste a été gravé en taille-douce et est signé par deux graveurs autrichiens : Adolf Neefe, reconnu pour ses compétences techniques et artistiques, et Otto Zeiller, également connu pour ses compétences et son savoir-faire. La collaboration de ces deux artistes a donné naissance à plusieurs timbres-poste autrichiens d'une grande beauté, qui sont prisés des philatélistes.

Les détails soignés de la roue révèlent sa structure métallique complexe, tandis que les 15 nacelles suspendues ajoutent une touche de grandeur et de mouvement à l'image. Chaque cabine est minutieusement dessinée et l'élégance de l'architecture de cette attraction autrichienne.

En arrière-plan, la végétation luxuriante du Prater semble envelopper la roue et crée un contraste agréable entre la mécanique du monument et la nature environnante. Un pavillon apparaît dans le coin inférieur droit, ajoutant une note champêtre à l’illustration.

L'ensemble de la représentation capture l'essence de ce monument emblématique, qui symbolise à la fois le passé historique et l'atmosphère sereine du parc.

La couleur grisaille de ce timbre-poste monochrome donne une ambiance classique et intemporelle à l'illustration. Elle confère au timbre-poste une élégance qui renforce la richesse des détails gravés.

Cette palette monochrome met en valeur la complexité de la structure métallique de la Grande roue ainsi que la délicatesse de la végétation qui l'entoure. Le choix de la couleur grisaille évoque une époque révolue, en harmonie avec le thème historique des 200 ans du Prater.

Le timbre-poste commémorant les 200 ans du Prater de Vienne souligne l'importance de préserver le patrimoine historique et culturel de chaque nation. La Grande roue, icône de Vienne, incarne l'esprit d'une ville qui a su allier tradition et modernité, depuis les réserves de chasse impériales jusqu'à l'emblématique Grande roue.

Témoin des bouleversements de l'histoire, le Prater demeure un lieu où les Viennois et les visiteurs du monde entier viennent chercher détente et émerveillement.

R. Simard

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