
Chronique sur la propagande socialiste dans la philatélie hongroise : les illustrations de la Chronique enluminée (1/4)
En 1971, la Hongrie a commémoré un récit de son histoire médiévale à travers une série philatélique intitulée La Chronique enluminée. Cette initiative a permis de faire un lien entre l’histoire du royaume de Hongrie et les enjeux politiques de la République populaire de Hongrie. Cette chronique offre une perspective fascinante sur la manière dont les symboles historiques peuvent être utilisés pour renforcer l'identité nationale d'un régime en place.
Le 10 décembre 1971, la Poste hongroise (Magyar Posta) a émis une série philatélique commémorant les 600 ans de la Chronique enluminée (Kronica Képes en hongrois), un manuscrit médiéval traitant de l’histoire de la Hongrie. La série se compose de sept timbres-poste et d'un mini-feuillet. Elle est libellée en forint hongrois (Ft), la monnaie nationale de la Hongrie depuis 1946.
Les timbres-poste ont été réalisés par lithographie, une technique d’impression permettant de reproduire des images avec une grande précision.


Parmi les 147 enluminures que contient la Chronique enluminée, huit ont été sélectionnées pour illustrer les timbres-poste de la série. La reproduction de ces enluminures est l'œuvre d'Éva Zombory (1927-1998), une graphiste hongroise qui a consacré sa carrière à l'art philatélique.
Le travail de Zombory sur la série philatélique est remarquable par sa minutie et sa fidélité aux enluminures médiévales. L'artiste a su adapter avec brio les couleurs vives et les détails complexes des illustrations originales. Au-delà de l'hommage à l'histoire hongroise, cette série a permis de diffuser l'art médiéval auprès d'un large public.
Ces reproductions ont également acquis une dimension supplémentaire en devenant des vecteurs de transmission culturelle de la république populaire de Hongrie des années 1970.
La Chronique enluminée : un trésor de l'histoire hongroise
En l'année 1358, le huitième jour de l'ascension de notre Seigneur, un mardi, j'ai commencé cette chronique sur les anciennes et récentes actions des Hongrois, de leur origine et de leur développement, de leurs victoires et de leur bravoure […].[1]

La Chronique enluminée est un chef d'œuvre de la littérature médiévale hongroise
Cette image est issue du domaine public
La Chronique enluminée (Chronicon pictum en latin) est un texte rédigé en latin entre 1358 et 1370. Commandé par le roi Louis 1er de Hongrie, cet ouvrage de prestige a été réalisé dans la chancellerie royale de Buda, centre administratif et culturel de la royauté hongroise.
L'auteur est Mark de Kalt, un religieux issu de la petite noblesse de Vesprém. Il a occupé le poste de chroniqueur officiel auprès de Louis 1er de Hongrie. Son récit, vivant et dynamique, est ponctué de nombreux dialogues qui donnent vie aux personnages et les événements tangibles. Par moments, ce texte rappelle un feuilleton, avec des intrigues captivantes et des retournements de situation qui incitent le lecteur à poursuivre sa lecture.

Enluminure représentant Mark de Kalt dans la Chronique enluminée
Cette image est issue du domaine public
Fait intéressant, de Kalt souligne son intention de mettre en lumière des événements qui n'avaient pas encore été relatés par écrit, déclarant : « […] nous voulons plutôt écrire ce que d'autres écrivains ont omis. »[2] Ce faisant, il prétend apporter des informations inédites sur l'histoire de la Hongrie.
Les enluminures de l'ouvrage sont l’œuvre de Miklós Meggyesi, peintre officiel de la cour de Louis 1er. Les compositions de Meggyesi sont équilibrées et structurées, avec un sens aigu du décor dans les bordures et les arrière-plans. Son utilisation des couleurs vives, telles que le bleu, le rouge, le vert et le doré, souligne de façon saisissante la dimension symbolique des scènes qu’il a représentées.
* * *
L'émission de ces timbres-poste témoigne de l'intérêt du régime socialiste hongrois pour la valorisation de l'histoire et du patrimoine du pays ; elle reflète également une volonté de créer un lien entre le passé et le présent, affirmant ainsi une continuité dans l'histoire de la Hongrie. Nous proposons ainsi de faire ressortir le lien entre cette initiative philatélique et le contexte sociopolitique de la Hongrie des années 1970.
Le grand-prince Géza et la naissance de l’État hongrois
Vers la fin du premier millénaire, les tribus magyares, venues des steppes de l'Est, s’installèrent dans la plaine de Pannonie, une vaste région fertile au cœur de l'Europe. Cet environnement, propice à l'agriculture et à l'élevage, a marqué un tournant dans l'histoire de ces peuples, qui ont progressivement abandonné leur mode de vie nomade pour se sédentariser.
La Grande-Principauté de Hongrie a été fondée en 895 par Árpád, un chef magyar, et son organisation s'est développée avec le temps.

Les Magyars installés dans la plaine de Pannonie pratiquaient l'élevage du bétail
À partir des années 970, alors que les tribus magyares étaient encore dispersées, le grand-prince Géza, descendant d'Árpád, entreprit de les rassembler sous son commandement. Son titre de grand-prince (magnus senior en latin, nagyúr en hongrois) reflétait son rôle de chef suprême à la tête de l’ensemble des tribus.
Cette époque, marquée par la consolidation du pouvoir et la formation des premières institutions, est désignée dans l'historiographie hongroise comme étant « l’Ère de la fondation de l'État » (államalapítás kora).

Le grand-prince Géza a unifié les tribus magyares
Géza et la centralisation du pouvoir
Afin de mieux asseoir son autorité sur les tribus magyares, le grand-prince Géza a instauré un système de gouvernance centralisé. Il a placé les chefs tribaux sous son commandement direct et a instauré un réseau d'administrateurs régionaux, les ispáns (comtes) et les voïvodes ispáns (ducs).
Géza et la christianisation des Magyars
Les tribus magyares croyaient en des divinités naturelles et des forces surnaturelles. Le toltán, ou chaman, jouait un rôle de premier plan au sein du peuple, en dirigeant les rituels religieux et en protégeant les tribus.

Représentation d'un rituel païen dans un tribu magyare
En 955, l'adoption du christianisme de Rome par le grand-prince Géza et son son frère Michel (Mihály) en 955, avait entraîné une vague de conversions au sein des Magyars. Cet acte suivait l'influence croissante du christianisme, qui venait principalement de l'Empire romain germanique.
En adoptant cette nouvelle religion, Géza cherchait à intégrer la Hongrie dans le monde chrétien occidental, un processus qui allait culminer quelques décennies plus tard.
Toutefois, la conversion de Géza ne s’était pas accompagnée d'une ferveur religieuse immédiate : comme de nombreux nouveaux convertis, il oscillait entre les rites païens et ceux du christianisme. Il fut même réprimandé par un évêque pour ses pratiques religieuses ambivalentes.
Géza et les alliances matrimoniales
Le grand-prince Géza s’est également employé à tisser des liens diplomatiques avec les États chrétiens voisins. Comme tous les princes de l’époque, il a eu recours pour cela à des mariages stratégiques. Lui-même avait épousé Sarolt, une princesse chrétienne de Transylvanie, avec laquelle il eut les enfants suivants :
- un fils mort en bas âge ;
- Judith, qui épousa en 985 Boleslas 1er, roi de Pologne ;
- IIona, mariée vers 995 avec Gabriel Radomir, futur tsar de Bulgarie ;
- Vajk (futur Étienne), qui épousa en 995 Gisèle, princesse de Bavière ;
- une troisième fille (nom inconnu), mariée vers 1009 à Ottone Orseolo, doge de Venise ;
- une quatrième fille (nom inconnu), qui épousa vers 1007 Samuel Aba, un noble hongrois.
Les alliances princières par le biais des mariages demeuraient cependant fragiles et dépendaient la plupart du temps des intérêts politiques du moment. Ces relations pouvaient se détériorer rapidement et entraîner des conflits pouvant aller jusqu’à la guerre.
* * *
L’œuvre du grand-prince Géza est celle d'un dirigeant qui a posé les bases de l’État hongrois. Son rôle dans l'unification des tribus hongroises et dans la promotion du christianisme en Hongrie a ouvert la voie à la création d'un royaume influent, qui allait prospérer sous le règne de son fils, Étienne 1er.
De Vajk à Étienne : le premier roi de Hongrie
Le fils du grand-prince Géza est né vers 975 sous le nom de Vajk, un prénom signifiant « prince » ou « riche ». Issu des traditions païennes, ce prénom évoquait à la fois le statut supérieur de l’enfant et son avenir prometteur en tant que futur dirigeant.
Les chercheurs estiment que Vajk aurait été baptisé vers 985, alors qu'il avait environ 10 ans. Ce baptême, voulu par le grand-prince, marquait l’entrée du jeune garçon dans la foi chrétienne et préfigurait son futur rôle de souverain chrétien.

Le baptême d'Étienne de Hongrie
Lors de son baptême, Vajk reçut le prénom d’Étienne (István en hongrois), en l'honneur de saint Étienne, premier martyr chrétien.
Le mariage d’Étienne de Hongrie et de Gisèle de Bavière
Le mariage d'Étienne avec Gisèle de Bavière en 995 permit de consolider une alliance entre Géza et les princes de l’Empire germanique. Cet empire jouxtait les terres hongroises, ce qui facilitait les liens politiques, économiques et culturels entre les deux entités politiques.

Le mariage d'Étienne et de Gisèle de Bavière
À la mort du grand-prince Géza en 997, le territoire magyar était encore en pleine transition religieuse. Une part importante de l’élite et de la population était convertie au christianisme ; il en demeurait cependant une faction non négligeable qui préférait conserver les croyances et les traditions ancestrales.[3]
La décapitation de Koppány
Le premier timbre-poste de la série philatélique présente un épisode intitulé « Le combat du roi saint Étienne contre le chef Koppány ».[4] Ce chapitre de la Chronique enluminée narre la lutte décisive entre les partisans du christianisme et ceux des traditions païennes.
Alors qu’Étienne 1er prenait le titre de grand-prince de Hongrie, un conflit éclata entre lui et son oncle Koppány. Koppány était l'un des dirigeants de la faction païenne qui s’opposait à la christianisation de la Hongrie. Ce conflit mettait à jour deux visions opposées concernant la succession à la tête de la Grande-Principauté de Hongrie : la primogéniture et le séniorat.
Étienne et le christianisme au service du pouvoir
Étienne défendait le principe de la primogéniture, un concept d'origine chrétienne qui privilégiait le premier fils d’un roi pour lui succéder au trône. Dans cette optique, Étienne avait été désigné par son père comme son successeur légitime.

Étienne, instigateur des principes chrétiens de la royauté
Étienne était soutenu par le pape (Sylvestre II), par les Hongrois convertis au christianisme, par l’empereur germanique (Otton III) ainsi que par les nobles et les chevaliers allemands amenés en Hongrie par Gisèle lors de son mariage.
Koppány : le défenseur des traditions ancestrales
Koppány s'appuyait sur le principe traditionnel de la séniorité, dans lequel le membre le plus âgé du clan avait la priorité pour devenir le chef. Il estimait que son âge et son expérience lui donnaient la préséance pour succéder à son frère le grand-prince Géza.

Koppány, défenseur des traditions ancestrales magyares
Koppány était soutenu par une partie de la noblesse hongroise et des clans traditionnalistes qui désiraient conserver leurs coutumes ancestrales et leur indépendance par rapport à l'Église chrétienne.
La bataille de Veszprém
Étienne et Koppány s'affrontèrent près de Vesprém, une ville située sur les rives du lac Balaton. L’issue de ce conflit allait déterminer si le pays s'engagerait résolument dans la voie de la chrétienté ou s'il demeurerait fidèle aux traditions ancestrales magyares.
Étienne avait placé son armée sous la bannière du confesseur saint Martin et désigné Vencellin, un Allemand, chef de toute son armée. La bataille débuta dans un fracassement de fer et de sang, les deux camps s'affrontant avec une détermination farouche.

La bataille de Veszprém allait déterminer si les Magyars allaient adopter le christianisme ou demeurer païens.
Le combat fut longs et acharné, mais grâce à la bravoure des hommes d'Étienne, la victoire se dessina peu à peu en sa faveur :
Dans ce combat, le comte Vencellin tua le chef Koppány et c'est ainsi que saint Étienne, alors encore chef, le récompensa par de vastes terres. Saint Étienne fit couper le corps Koppány en quatre : une partie fut envoyée à Esztergom, une autre à Veszprém, une troisième à la porte de Győr, et une quatrième à Erdély.[5]

Le combat entre Vencellin et Koppány
Une fois sa victoire acquise, Étienne réagit avec fermeté envers les Magyars qui avaient soutenu Koppány, les réduisant à un état de servitude. La région de Somogy, bastion des partisans de son oncle, fut particulièrement touchée par des sanctions sévères. Ces mesures témoignaient de la détermination d'Étienne 1er de réprimer toute forme d'opposition à son pouvoir.
Le corps de Koppány : l’affirmation de la souveraineté d'Étienne
Le corps de Koppány exposé aux quatre villes entourant le centre du royaume (medium regni), geste politique majeur : Étienne affirmait ainsi son pouvoir et montrait qu'il n'hésiterait pas à utiliser la force et la violence pour maintenir son autorité.

Les restes de Koppány furent exposés dans les villes importantes entourant le centre du royaume d'Étienne
- Esztergom était la capitale du royaume de Hongrie ; en envoyant une partie du corps de Koppány à cet endroit, Étienne voulait affirmer sa légitimité aux yeux de tous ;
- Veszprém était le lieu de résidence de la reine Gisèle ; en exposant une partie du corps de Koppány dans cette ville, Étienne marquait l’association de son épouse à sa victoire ;
- Győr constituait une porte d'entrée vers l'Europe centrale et un lieu de passage important pour les échanges commerciaux ; en envoyant un morceau du corps de Koppány à Győr, Étienne affirmait sa souveraineté sur cette région frontalière et envoyait un message clair à ses voisins : lui seul était le maître du royaume de Hongrie ;
- Erdély (dans la Roumanie actuelle) était une région à l'est du royaume, peuplée d’ethnies diverses et bénéficiant d’une certaine autonomie ; en y envoyant une partie du corps de Koppány, Étienne voulait montrer qu'il contrôlait également cette région et qu'il n’allait tolérer aucune rébellion.
L’iconographie d'un conflit décisif
Le timbre-poste Suivant montre la décapitation de Koppány par le comte Vencellin. Cette illustration figure à la page 38 de la Chronique enluminée.

Sur le côté gauche de l'image, Étienne, monté sur son cheval, est entouré de sa garde rapprochée. L'auréole autour de sa tête souligne son rôle de premier roi chrétien de Hongrie.
À droite, dans une scène d'une violence saisissante, Vencellin vient de décapiter Koppány. La tête tranchée de Koppány gisant au sol symbolise la fin de la rébellion païenne et la consolidation du pouvoir d'Étienne.

Illustration de la Chronique enluminée sur la décapitation de Koppány
* * *
La décapitation de Koppány est une image puissante qui condense un moment fondamental de l'histoire hongroise : l’engagement de la Hongrie vers un nouvel ordre – la chrétienté – et la fondation de l'identité nationale hongroise.
Le couronnement d’Étienne 1er de Hongrie
La tradition rapporte qu'Étienne fut couronné à Esztergom le 25 décembre de l'an mil. Pour cette occasion, le pape Sylvestre II lui fit parvenir la Sainte Couronne de Hongrie (Magyar Szent Korona), symbole sacré de la royauté.
Chef-d'œuvre d'orfèvrerie médiévale, cette couronne est composée d'un anneau en or décoré de pierres précieuses, de perles et d'émaux. Ce joyau est orné de motifs symbolisant le pouvoir divin et la souveraineté royale, avec des éléments religieux liant étroitement la royauté à l'Église catholique romaine.

La Sainte Couronne de Hongrie est conservée dans la salle du dôme dans le Parlement hongrois à Budapest
Cette image est issue du domaine public.
La Sainte Couronne de Hongrie a servi lors du couronnement de tous les rois hongrois jusqu’à la fin de la monarchie en 1918. En l’an 2000, le parlement hongrois a adopté une loi affirmant dans son premier article : « La Sainte Couronne demeure dans la conscience de la nation et dans la tradition du droit public hongrois comme une relique symbolisant la continuité et l’indépendance de l’État hongrois.»
Étienne 1er consolide son pouvoir
Fort de sa consécration, Étienne entreprit de consolider son pouvoir par des actions politiques et militaires décisives :
[…] il mena une guerre fameuse et lucrative contre son oncle maternel, nommé Gyula, qui, à cette époque, gouvernait toute la région au-delà du fleuve Danube […] Le vaste et riche pays de Gyula fut entièrement annexé à la Hongrie par saint Étienne. Ce pays, connu sous le nom de Transylvanie en hongrois, est irrigué par de nombreuses rivières, dont les sables contiennent de l’or, et l’or de cette terre est de très bonne qualité.[6]
Étienne mena ensuite une expédition militaire contre Keán, le chef des Bulgares, afin de sécuriser une frontière de son royaume. Sa victoire lui procura des ressources pour financer la christianisation de la Hongrie :
Grâce à ces nombreux trésors, le roi saint Étienne s'enrichit davantage et dota magnifiquement la basilique qu'il avait fondée à Székesfehérvár, l'ornant d'autels en or, de calices et de croix, de vêtements sacerdotaux en or pur brodés de pierres précieuses. […] La reine Gisèle, l'épouse du saint roi, enrichit considérablement cette église avec des croix en or, des chandeliers, des tablettes d’autel, des calices, des perles et des bijoux.[7]
Le recours aux butins de guerre pour financer des œuvres religieuses peut paraître répréhensible à nos yeux contemporains. Au Xe siècle, utiliser une partie de ces ressources pour construire ou orner des établissements religieux était perçu comme un moyen d'honorer Dieu.

Représentation de l’intérieur de la basilique Székesfehérvár, le lieu de couronnement des rois hongrois.
La fondation des saints Pierre et Paul à Óbuda
Parallèlement à l'enrichissement de sa basilique, Étienne 1er poursuivit son œuvre religieuse. La Chronique enluminée, dont un chapitre a été retenu illustrer un second timbre-poste, témoigne de cette ferveur : « Le roi Saint Étienne construit une église à Óbuda pour les chanoines ».[8] constitue un autre chapitre de la Chronique enluminée retenu pour l’émission philatélique. Cet épisode relate la fondation d'un monastère à Óbuda par le roi et son épouse.
Óbuda : une ville médiévale au cœur des échanges
Établie sur la rive occidentale du Danube, Óbuda bénéficiait d'une situation géographique avantageuse. Son accès facile aux voies navigables et sa proximité avec les routes commerciales terrestres ont contribué à son développement en tant que centre administratif et commercial.[9]
La ville abritait des ateliers spécialisés en métallurgie et en poterie, témoignant de son dynamisme économique.

Représentation d’Óbuda au Xe siècle
Des fortifications furent érigées au cours du XIe siècle pour assurer la protection de la ville contre les invasions et les sièges.
Étienne 1er et les fondations religieuses en Hongrie
La tradition attribue à Étienne 1er la création d'une dizaine de diocèses et l'établissement de paroisses sur son territoire, avec une église pour dix villages.[10] Il aurait également fondé plusieurs monastères, dont celui dédié aux saints Pierre et Paul à Óbuda :
Pendant que ce monastère était en construction, des maîtres sculpteurs furent amenés de Grèce et le saint roi, avec la reine, y résidait pour des raisons de dévotion. La reine, à son tour, fabriquait des croix, des tablettes et des décorations. Ils commencèrent à travailler sur le grand monastère, mais bien qu'ils y aient travaillé pendant de nombreuses années, ils ne purent le terminer de leur vivant.[11]

Étienne avait fait venir des tailleurs de pierre grecs pour construire le monastère à Óbuda
Les saints Pierre et Paul au service de la Hongrie chrétienne
Le patronage de saint Pierre et saint Paul sur le monastère d’Óbuda peut être vu comme une manière de marquer symboliquement l’alliance entre l’Église et l’État. Pierre, en tant que premier pape et saint patron de l’Église catholique romaine, représente l'autorité du pape ; Paul, par ses voyages missionnaires, symbolise l'expansion du christianisme à travers le monde.
Ce monastère suivait la règle de saint Benoît, témoignant de l'influence de l'ordre bénédictin introduit en Hongrie par Étienne 1er. Les monastères bénédictins ont joué un rôle crucial dans la christianisation de l'Europe, servant de centres de rayonnement spirituel et culturel. Les moines bénédictins, consacraient leur temps à la prière, au travail manuel (agriculture et artisanat) ainsi qu'à l'étude des textes sacrés et profanes.
L’iconographie d’un acte royal
La seconde enluminure retenue pour la série philatélique montre la fondation religieuse à Óbuda par le couple royal de Hongrie. Cette illustration figure à la page 42 de la Chronique enluminée.

L'illustration montre Étienne et Gisèle, tous deux agenouillés, tenant une réplique réduite de l'église du monastère saint Pierre et saint Paul à Óbuda. Cette posture humble et dévote symbolise le rôle du couple royal en tant que fondateurs de l'édifice religieux.
Le sol rocailleux, parsemé d'arbres stylisés et de fleurs délicates, sert d'écrin à la scène. L'arrière-plan, volontairement sobre et épuré, met en valeur l'importance de l'acte sacré, soulignant l'engagement spirituel profond des souverains envers leur foi et leur royaume.

Illustration de la Chronique enluminée représentant la fondation des saints Pierre et Paul à Óbuda
* * *
La fondation du monastère des saints Pierre et Paul à Óbuda par Étienne 1er et son épouse illustre l'engagement profond du couple royal envers la christianisation de leur pays et le renforcement de l'autorité de l'Église en Hongrie.
Conclusion
L’éviction du paganisme par le christianisme (combat entre Étienne et Koppány) et la fondation des institutions (diocèses, paroisses, monastères) marquent des moments-clés de l’État hongrois sous Étienne 1er.
Ces événements ont été choisis pour la série philatélique car ils symbolisent l’unité et la centralisation, des valeurs en résonance avec la Hongrie socialiste des années 1970.
Le communisme était présenté comme une idéologie unificatrice et centralisatrice de l’État, à l’instar du christianisme au Moyen Âge.
R. Simard
[1] Képes Krónika (Chronicon pictum), traduit du latin en hongrois par Geréb Lásló, Budapest, Magyar Helikon Könyvkiadó, 1964, chapitre 1, p. 4, https://vilagbiztonsag.hu/keptar/albums/userpics/10009/kalti_mark_kepes_kronikaja.pdf (traduit avec l’aide de OpenAI).
[2] Képes Krónika (Chronicon pictum), (63)…, p. 38.
[3] Il est Il est difficile de donner un pourcentage approximatif des Magyars convertis au christianisme à la mort du grand-prince Géza. La conversion des Magyars a été un processus graduel qui s'est étendu sur plusieurs décennies. À l'an mil, la conversion était toujours en cours, mais elle n'était pas encore achevée.
[4] Képes Krónika (Chronicon pictum), (64)…, p. 38-39.
[5] Képes Krónika (Chronicon pictum), (64)…, p. 39.
[6] Képes Krónika (Chronicon pictum), (65)…, p. 39-40.
[7] Képes Krónika (Chronicon pictum), (66)…, p. 40-41.
[8] Képes Krónika (Chronicon pictum), (67)…, p. 41-42.
[9] GYÖRFFY, György, « Les débuts de l’évolution urbaine en Hongrie », Cahiers de Civilisation Médiévale, avril-juin 1969, p. 140.
[10] Les nombreuses réalisations attribuées à Étienne 1er, qui vont de l'organisation de l'État à la construction de lieux de culte, ont soulevé des doutes quant à leur réalisation par un seul roi. Les historiens s’accordent pour dire que la Chronique enluminée tend à idéaliser et à attribuer à Étienne 1er des actions qui pourraient avoir été le fruit de réalisations postérieures. Garády Sándor: A budai (óbudai) káptalan alapítása, Budapest Székesfőváros Várostörténeti Monográfiái / Tanulmányok Budapest múltjából 7. kötet (1939) (pdf), Budapest Székesfőváros, p. 70-91. o.. ISSN 0238-5597 [1939]. Consulté le 26 février 2025 (traduit du hongrois avec OpenAI).
Ajouter un commentaire
Commentaires