* Spécial philatélique sur Dracula (3/4)
Chronique sur la littérature du XIXe siècle
Dracula, le célèbre vampire créé par Bram Stoker, a captivé l'imagination du monde entier pendant plus d'un siècle. Au-delà du domaine de la littérature, ce personnage a laissé son empreinte dans le monde philatélique. Des paysages envoûtants de Transylvanie à la grandeur gothique de son château, le centenaire du roman de Bram Stoker a été célébré sur des timbres-poste émis par plusieurs pays du monde. Cette chronique est une invitation à découvrir la richesse artistique des représentations philatéliques de Dracula.
À l'instar du voïévode Vlad l’Empaleur, les timbres-poste dédiés à Dracula témoignent de l’omniprésence de ce personnage à la fois historique et fictif dans l’imaginaire collectif. À travers les émissions philatéliques de différents pays, ces timbres-poste célèbrent à la fois la légende de Dracula et l'œuvre littéraire de son créateur, l’écrivain irlandais Bram Stoker.
Dracula célébré en I'Irlande
Le 1er octobre 1997 l’Irlande a émis un feuillet philatélique en l’honneur du 100e anniversaire de la parution du roman Dracula. Ce roman irlandais est devenu un classique de la littérature gothique et est à l’origine de nombreuses adaptations dans la culture populaire.
Le feuillet philatélique contient quatre timbres-poste qui mettent en avant des illustrations inspirées par le roman de Bram Stoker. Chaque timbre-poste a sa propre valeur monétaire donnée en pence, la subdivision de la livre irlandaise. La livre irlandaise a été utilisée jusqu'à l'introduction de l'euro en Irlande, en janvier 2002. Le design de ce feuillet reflète parfaitement l'ambiance sombre et mystérieuse de l’œuvre.
Dracula célébré par la Roumanie
Un feuillet sur la même thématique a été émis par la Roumanie le 21 mai 2004 ; ce pays constitue le cadre historique et géographique qui a inspiré le personnage de Bram Stoker. Ancré dans la région de Transylvanie, le roman Dracula puise son atmosphère dans les paysages majestueux des Carpates et les châteaux médiévaux qui ponctuent cette région.
Ce feuillet comporte également quatre timbres-poste qui évoquent des moments forts du roman de Bran Stoker. Ils présentent tous la même valeur monétaire, soit 31 000 lei. Le design, soigneusement conçu, évoque une esthétique gothique et un univers terrifiant.
Bram Stoker : du fonctionnaire à l’écrivain gothique
Né à Dublin le 8 novembre en 1847, Bram Stoker est le troisième enfant d'Abraham Stoker et de Charlotte Matilda Thornley. Bram Stoker passa une grande partie de son enfance malade, ce qui lui permit de développer une passion pour la lecture et l'écriture.
Bram Stoker : formation, débuts littéraires et influences
Suivant les pas de son père, Bram Stoker fut admis au Trinity College de Dublin en 1863. Il y entama des études en sciences et en mathématiques et obtint son diplôme en 1870. Après ses études, il travailla comme fonctionnaire tout en commençant à s'impliquer dans le monde du théâtre.
À partir de 1871, Bram Stoker se mit à écrire des articles de critique de théâtre pour le journal Dublin Evening Mail. Cette activité, menée de front avec ses obligations professionnelles, lui ouvrit les portes de la société littéraire londonienne.
En 1872 parut Carmilla, une nouvelle gothique écrite par l’irlandais Joseph Sheridan Le Fanu. Ce récit explore les thèmes de l'amour, de la mort et du vampirisme à travers l'histoire d'une jeune fille isolée qui se lie d'amitié avec une séduisante fille vampire. Cette œuvre est considérée comme l'une des premières histoires de vampires modernes et a été une source d'inspiration majeure pour les futurs écrits de Bram Stoker.
Représentation d'une scène du roman Carmilla
Bram Stoker : d'une rencontre déterminante à la naissance d'un mythe
L’année 1876 marqua un tournant décisif dans la vie de Bram Stoker : il se lia d’amitié avec Henry Irving, un acteur et metteur en scène britannique. Cette amitié entraîna Bram Stoker au cœur du théâtre londonien. Nommé administrateur du Lyceum Theatre, il se retrouva propulsé au cœur de la vie culturelle britannique.
Henry Irving fut un mentor pour Bram Stoker, qui devint son secrétaire en 1878. L'influence d'Irving sur Bram Stoker est citée comme un facteur ayant contribué à la création du personnage de Dracula.
La genèse de Dracula aurait débuté à la suite d’un rêve que Bram Stoker aurait fait en mars 1890. L’écrivain irlandais n'a jamais confirmé explicitement les détails exacts de ce rêve, mais il est souvent évoqué comme une source d’inspiration importante pour la conception de Dracula. Ce rêve, associé à des recherches sur les légendes et les créatures surnaturelles, a donné naissance à l'idée de la fiction du roman Dracula.
La même année, il rencontra Arminius Vambéry, un orientaliste et turcologue hongrois qui l’aurait influencé par ses récits. Stoker consulta des ouvrages tels que An Account of the Principalities of Wallachia and Moldavia de William Wilkinson (1820) et The Land Beyond the Forest : Facts, Figures, and Fancies from Transylvania d'Emily Laszowska Gerard (1888)[1].
Bien que Bram Stoker ait écrit d’autres œuvres, Dracula reste sa réalisation la plus célèbre, un véritable phénomène littéraire qui continue d'inspirer cinéastes, écrivains et artistes du monde entier depuis plus d'un siècle. Néanmoins, ses autres romans témoignent de son talent de conteur et ont contribué à consolider sa place dans l'histoire de la littérature fantastique :
- Le Pas du Serpent (The Snake's Pass) : roman d'aventure gothique publié en 1890, qui explore les thèmes de la nature, de la superstition et de la vengeance, avec une ambiance sombre et mystérieuse.
- Le Mystère de la Mer (The Mystery of the Sea) : thriller maritime publié en 1892, mêlant mystère, aventure et éléments surnaturels, avec une intrigue centrée sur un jeune homme hanté par le passé de sa famille.
- La Dame au linceul (The Lady of the Shroud) : roman épistolaire publié en 1909. L'histoire se déroule dans un manoir anglais, où des événements étranges et inexplicables se produisent. Une mystérieuse figure féminine, vêtue d'un linceul, hante les lieux, semant la terreur et la confusion.
Le voyage initiatique de Jonathan Harker en Transylvanie
Publié le 26 mai 1897 chez Archibald Constable and Company à Londres, le roman Dracula raconte l'histoire du comte Dracula, un aristocrate de la Transylvanie, qui achète une propriété en Angleterre. M. Hawkins, un avocat londonien, envoie Jonhatan Harker en Transylvanie pour finaliser la transaction immobilière.
Monté dans un train à Munich, Jonhatan Harker parcourt l’Europe jusqu’à Bistritz, une ville transylvaine dans le nord de la Roumanie. Harker relate ses impressions au fur et à mesure qu'il s'aventure dans cette région isolée et mystérieuse :
Nous roulâmes toute la journée à travers un fort beau pays, d’aspects variés. Tantôt nous apercevions soit des petites villes, soit des châteaux juchés au sommet de collines escarpées, comme on en voit représentés dans les anciens missels ; tantôt nous longions des cours d’eau plus ou moins importants, mais qui tous, à en juger par les larges parapets de pierre qui les bordent, sont sans doute sujets à de fortes crues[2].
Jonathan Harker arrive à Bistritz à la nuit tombée. Il se rend à l’hôtel de la Couronne d'Or, où le comte Dracula lui a réservé une chambre. Les tenanciers de l'hôtel l’accueillent poliment et lui remettent une lettre du comte, qui, bien que rédigée dans un ton formel et courtois, contient des instructions concernant son séjour.
Mon ami,
Soyez le bienvenu dans les Carpates. Je vous attends avec impatience. Dormez bien cette nuit. La diligence part pour la Bukovine demain après-midi à trois heures ; votre place est retenue. Ma voiture vous attendra au col Borgo pour vous amener jusqu’ici. J’espère que depuis Londres votre voyage s’est bien passé et que vous vous féliciterez de votre séjour dans mon beau pays.
Très amicalement,
Dracula[3]
Le lendemain, à trois heures, Harker se rend à l'endroit indiqué pour prendre la diligence. Il attend patiemment à l'arrêt, tout en observant les habitants de Bistritz, qui semblent l'observer à leur tour avec une étrange curiosité :
Lorsque je montai dans la diligence, le conducteur n’était pas encore sur son siège, mais je le vis qui s’entretenait avec la patronne de l’hôtel. Sans aucun doute ils parlaient de moi car, de temps à autre, ils tournaient la tête de mon côté ; des gens, assis sur le banc près de la porte de l’hôtel, se levèrent, s’approchèrent d’eux, écoutant ce qu’ils disaient, puis à leur tour me regardèrent avec un visible pitié[4].
Le voyage en diligence dure plusieurs heures sur une route sinueuse et montagneuse. Les voyageurs sont constamment cahotés sur le chemin inégal, ce qui rend le trajet pénible et éprouvant. Au fur et à mesure que la diligence grimpe dans les montagnes, Harker découvre des régions sauvages et désertes et commence à ressentir une sensation d'isolement :
Cependant, la route se fit bientôt plus régulière, et j’eus alors l’impression que nous volions bel et bien. Elle devenait aussi plus étroite, les montagnes, d’un côté et de l’autre, se rapprochaient et semblaient, à vrai dire, nous menacer : nous traversions le col de Borgo[5].
Comme convenu, Harker descend de la diligence et monte dans la voiture envoyée par le comte Dracula. À mesure qu'il avance, le paysage devient de plus en plus fantastique et une atmosphère étrange s’installe autour de lui. Des loups rôdent sur son chemin et d’étranges petites flammes bleues apparaissent le long de la route. L'obscurité s'intensifie et l'endroit semble se détacher du monde réel, au fur et à mesure qu’il approche de la demeure du comte. La voiture arrive enfin devant le château de Dracula, un immense et lugubre bâtiment en pierre qui semble émerger des ténèbres :
Tout à coup, je m’aperçus que le cocher faisait entrer les chevaux dans la cour d’un grand château en ruines. Des hautes fenêtres obscures ne s’échappait aucun rai de lumière ; les vieux créneaux se découpaient sur le ciel que la lune, en ce moment, triomphait des nuages[6].
[…] j’entendis un pas lourd approcher derrière la grande porte ; en même temps, je vis, par une fente, un rai de lumière. Puis ce fut le bruit de chaînes que l’on détachait de gros verrous que l’on tirait. On mit quelques instants à tirer une clef dans la serrure – sans doute celle-ci n’avait-elle plus servi depuis longtemps ? – et la grande porte s’entrouvrit[7].
Le comte Dracula se montre extrêmement hospitalier envers Jonathan Harker, lui offrant un séjour confortable dans son château. Il fait tout pour s'assurer que son hôte se sente à l'aise, bien que l'atmosphère du château demeure étrange et oppressante lui permettant même de se déplacer dans certaines parties du château.
Pendant qu’il se croit seul dans le château, Harker tente d’explorer les différentes parties du bâtiment, mais il remarque rapidement que les portes, même celles qui mènent à des chambres apparemment inoccupées, sont fermées à clé. Cette observation suscite une inquiétude croissante chez Harker, qui se rend compte qu'il est piégé et qu'il ne pourra pas quitter le château aussi facilement qu'il l’avait prévu :
Prisonnier ! Quand je compris cela, je crus devenir fou. En courant, je montais et descendais les escaliers à plusieurs reprises, essayant d’ouvrir chaque porte que je rencontrais, regardant anxieusement par toutes les fenêtres devant lesquelles je passais. Mais bientôt le sentiment de mon impuissance anéantit toute volonté en moi[8].
Lors d’un entretien avec le comte Dracula, Harker est frappé par la manière dont le comte évoque des événements lointains, comme s'il les avait vécus personnellement. Le comte parle de certains faits historiques, comme la bataille de Mohács et la chute de l'Empire ottoman, avec une étonnante précision et un détachement étrange, donnant l'impression qu'il est un témoin direct de ces événements. Le comte mentionne également sa propre histoire et ses racines transylvaines, mais ses propos sont flous et énigmatiques :
Et quand donc fut lavée la grande honte de mon pays, la honte de Cassova, lorsque les drapeaux des Valaques et des Magyars se sont abaissés sous le Croissant ? Et n’est-ce pas un des miens qui traversa le Danube pour aller battre le Turc sur son propre sol ? Oui, c’est un Dracula ! Maudit soit son frère indigne qui vendit ensuite le peuple aux Turcs et qui fit peser sur eux la honte de l’esclavage ![9]
Durant son séjour dans le château de Dracula, Jonathan Harker assista à un spectacle terrifiant qui défie toute logique humaine :
[…] je vis le comte sortir lentement par la fenêtre et se mettre à ramper, la tête la première, contre les murs du château. […] Je voyais parfaitement les doigts et les orteils qui s’agrippaient aux rebords de chaque pierre dont les années avaient enlevé le mortier, et, utilisant ainsi chaque aspérité, il descendit rapidement, exactement comme un lézard se déplace le long d’un mur[10].
Au cours de ses déambulations dans une aile du château qu’il n’avait pas encore explorée, Harker finit par découvrir une porte qui, à sa grande surprise, s’ouvre sans trop d’efforts. Il pénètre dans la pièce. L’atmosphère est à la fois lourde et envoûtante, renforçant la sensation que ce lieu est figé dans le temps :
Nul doute que ces appartements étaient jadis habités par les dames, car tous les meubles paraissaient plus confortables que ceux que j’avais vus jusqu’ici, dans les autres pièces. Il n’y avait pas de rideaux aux fenêtres, et le clair de lune, entrant par les vitres en forme de losange, permettait de distinguer les couleurs elles-mêmes tandis qu’il adoucissait en quelque sorte l’abondance de poussière qui recouvrait tout et atténuait un peu les ravages du temps par les mites[11].
Il entend des bruits légers et des murmures, puis il voit trois femmes s’avancer vers lui, dans la lueur fantomatique de la lune. Ce tableau irréel plonge Jonathan dans une confusion inexplicable, à mesure qu’il réalise qu’il se trouve devant des créatures aussi fascinantes qu’effrayantes :
Deux d’entre elles avaient les cheveux bruns, le nez aquilin, comme le comte, et de grands yeux noirs, perçants, qui, dans la pâle clarté de la lune, donnaient presque la sensation du feu. La troisième était extraordinairement belle, avec une longue chevelure d’or ondulée et des yeux qui ressemblaient à de pâles saphirs. […] Toutes les trois avaient les dents d’une blancheur éclatante, et qui brillaient comme des perles entre leurs lèvres rouges et sensuelles[12].
Pendant ce temps, le comte Dracula se rend en Angleterre, où il commence à semer la désolation. Il prend pour cible Lucy Westenra, une jeune femme douce et bienveillante, qui devient sa première victime en Angleterre. Malgré les tentatives des médecins pour la soigner, la santé de la jeune femme décline mystérieusement.
Au cours d’une terrible nuit, durant laquelle Mina Murray, une amie proche de Lucy, cherche son amie qui a disparu de sa chambre, elle la retrouve sur un banc, dans le cimetière où elles ont l’habitude de venir ensemble :
[…] Et, je n’en doutais plus à présent, il y avait comme une créature longue et noire penchée vers mon amie. Je criai aussitôt : « Lucy ! Lucy ! » et je vis se relever une tête en même temps que j’apercevais un visage blanc dont les yeux flamboyaient[13].
Lucy Westenra, après plusieurs nuits de sommeil perturbé, lutte contre la fatigue et tente de repousser le sommeil. Dans son journal intime, où elle décrit ses efforts pour ne pas s'endormir, elle évoque un étrange phénomène qui survient alors que le silence de la nuit est perturbé par un bruit étrange à sa fenêtre :
J’ai donc essayé de ne pas céder au sommeil et j’y ai réussi quelque temps, mais les douze coups de minuit m’éveillèrent – je m’étais donc endormie malgré tout ! Il me sembla qu’on grattait à la fenêtre, ou bien était-ce plutôt un battement d’ailes ? […] Ce matin encore, je suis horriblement faible ! Mon visage est d’une pâleur effrayante, et j’ai mal à la gorge…[14]
La lutte contre le comte Dracula s'intensifie lorsque le Dr Van Helsing et ses alliés découvrent la véritable nature du comte et unissent leurs forces pour le traquer. Déterminés à détruire Dracula, ils se lancent dans une chasse à travers Londres et le poursuivent jusqu'en Transylvanie pour mettre fin à son règne de terreur.
La confrontation finale contre le comte Dracula atteint son apogée lorsque Jonathan Harker, Mina, Van Helsing parviennent à localiser le vampire dans son château en Transylvanie. Armés de leur courage et des outils nécessaires, ils se hâtent de détruire le monstre avant qu'il ne puisse se relever.
La philatélie au cœur des Carpates
Le château de Bran
Le château de Bran, souvent surnommé « le château de Dracula », est un monument historique emblématique de la Roumanie. Il se trouve dans le sud de la Transylvanie, près de la ville de Brașov.
Ce château n’a aucun lien historique direct avec Vlad l'Empaleur, bien que la région de Transylvanie où se trouve le château ait été liée à lui. Le château a été construit au XIVe siècle pour défendre la région contre les invasions et n’a jamais été la résidence de Vlad III, bien qu'il ait été une forteresse dans la région où il a sévi.
Ce timbre-poste, émis par la Poste roumaine le 6 mai 1982, est extrait d’un feuillet comprenant quatre timbres-poste représentant des châteaux de Roumanie.
Il présente une vue panoramique du château de Bran, mettant en avant son architecture avec des toits en pente, des cheminées et des fenêtres en arc. Le château est situé dans le paysage verdoyant des Carpathes, avec des collines et des arbres en arrière-plan.
Les inscriptions « COLABORAREA CULTURAL-ECONOMICA INTEREUROPEANA » indiquent que la Roumanie veut renforcer ses relations avec d'autres pays européens. Ce type de collaboration s’inscrivait dans un cadre où la culture et l'économie étaient des vecteurs de rapprochement entre différents pays.
Le château de Bran et Brasov
Émis également par la Poste roumaine en 1976, ce timbre-poste présente les armoiries du district (județ) de Brașov en Roumanie. Il fait partie d’une série philatélique de 20 timbres-poste célébrant les différentes régions de la Roumanie.
L’illustration présente un blason stylisé divisé en plusieurs sections. Chaque section contient des éléments symboliques sur l'identité et l'histoire de la région de Brașov.
Le château de Bran est représenté dans la partie supérieure gauche sur un fond de montagnes. La présence de deux roues dentées en haut à droite symbolise l'industrie, mettant en avant le développement économique de la région, particulièrement dans le secteur manufacturier.
En bas du blason, des Edelweiss symbolisent la beauté naturelle de l’environnement de cette région.
Le col de Borgo
Le col de Borgo (Bârgău), quant à lui, est situé à environ 120 kilomètres au nord du château de Bran. Ce col est un passage montagnard situé dans les Carpates orientales en Roumanie. Il relie la Transylvanie à la Moldavie, en particulier la ville de Bistrița, en Transylvanie, à Vatra Dornei, en Bucovine. Ce col atteint une altitude de 1 201 mètres.
Ainsi, bien qu'ils soient tous deux situés en Transylvanie, le château de Bran et le col de Borgo ne sont pas proches géographiquement ; la liaison entre ces deux lieux est liée à l'imaginaire de Bram Stoker et ne correspond pas à la réalité géographique.
Les Carpates entre histoire et légende
Le château de Bran bénéficie aujourd’hui de son association avec le comte Dracula pour attirer des visiteurs du monde entier. Il est un symbole fort de la Roumanie et un témoignage fascinant du passé médiéval de la région.
Les 100 ans de Dracula sur les timbres-poste
Les timbres-poste roumains
Ce timbre-poste présente un portrait en couleur de Bram Stoker. Le visage de Stoker montre des traits marqués, avec une barbe bien taillée et des cheveux bruns, légèrement ondulés. Son expression et son regard direct donnent une impression de gravité et d'intensité.
Le timbre inclut les dates de naissance et de décès de Bram Stoker (1847-1912).
Ce timbre-poste est une représentation saisissante de Dracula : les traits du visage sont accentués, montrant les canines proéminentes et les oreilles pointues du personnage, caractéristiques des représentations classiques des vampires.
En arrière-plan, on peut voir un cimetière avec des tombes floues, contribuant à l'atmosphère sombre et mystérieuse. Une croix en bois est présente à gauche, symbolisant le thème de la lutte entre le bien et le mal, une notion importante dans les récits de vampires.
Ce timbre-poste illustre une scène dramatique où Dracula est montré alors qu’il va mordre une victime. La position de Dracula, avec un visage exprimant la fureur et la soif de sang, crée une atmosphère intense et inquiétante.
La victime est une femme qui semble évanouie ou dans un état de transe. Ses cheveux sont en désordre, ajoutant à l'urgence de la scène.
Ce timbre-poste illustre une scène dramatique où Dracula est représenté dans un cercueil. Le personnage est couché, tenant un pieu pointé vers sa poitrine et semble prêt à agir. Cette posture suggère une situation de confrontation ou de combat, ajoutant une dimension de tension et de danger. Les détails du visage, avec des yeux agrandis et une bouche ouverte, évoquent une situation de frayeur ou de désespoir.
Les timbres-poste irlandais
Ce timbre illustre une scène emblématique entre Dracula et une de ses victimes, une jeune femme qui semble à la fois attirée par lui et inquiète. La proximité entre Dracula et la jeune femme renforce la tension dramatique de l'image. Le regard de Dracula est captivant, tandis que la victime semble être sous son charme, mais aussi consciente du danger qu'il représente.
Ce timbre montre Dracula allongé dans ce qui semble être un cercueil. Cette posture évoque les thèmes de la mort et de la résurrection qui sont typiques de la mythologie vampirique.
L'arrière-plan montre des motifs architecturaux qui ressemblent à des arches ou à des voûtes, renforçant le cadre gothique de la scène et ajoutant une profondeur visuelle à l'image.
Ce timbre-poste montre Dracula debout avec un bras tendu. Il est entouré de chauves-souris qui volent autour de lui. Cette illustration suggère qu’il est en train de se transformer en chauve-souris, un thème récurrent du personnage vampirique.
La chauve-souris symbolise le lien du vampire avec la nuit et les ténèbres. Cette transformation illustre la nature surnaturelle du vampire, lui permettant de s'échapper rapidement et de se dissimuler des humains.
Ce timbre-poste montre Dracula dans une posture dynamique avec un visage qui exprime à la fois l'intensité et le charisme. Il semble prêt à agir, la main tendue vers l'avant, ce qui ajoute une sensation d'urgence à l'image.
À ses côtés se trouve un loup, qui ajoute une dimension sauvage et dangereuse à la scène. La présence de l'animal renforce le côté prédateur de Dracula et symbolise sa connexion avec la nature nocturne.
Dracula : de multiples visages pour une seule légende
D’autres émissions philatéliques ont également souligné le 100e anniversaire du roman de Bram Stoker.
La Grande-Bretagne
La série philatélique intitulée « Histoires et légendes », émise par la Grande-Bretagne le 13 mai 1997, représente Dracula aux côtés d’autres personnages célèbres de la littérature fantastique britannique.
L’illustration de Dracula présente des différences avec les représentations traditionnelles du personnage : il apparaît avec un visage large, une peau pâle et des yeux rouges qui lui donnent un air menaçant. Ses oreilles sont pointues, ajoutant à son aspect vampirique.
Il porte une moustache blanche et ses crocs sont proéminents. Il est habillé de façon élégante avec une chemise sombre et un manteau noir avec un col haut. On aperçoit derrière lui la silhouette de son château.
Frankenstein ou le Prométhée moderne écrit par Mary Shelley (1818) est un autre roman gothique célèbre du XIXe siècle. Il raconte l'histoire de Victor Frankenstein, qui a créé une créature vivante à partir de morceaux de cadavres.
Le timbre suivant présente un portrait stylisé du Dr. Jekyll et Mr. Hyde, personnages emblématiques du roman L'Étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson (1886).
Enfin, le dernier personnage de la série est le chien dans Le chien des Baskerville de Arthur Conan Doyle (1902). Ce récit met en scène le détective Sherlock Holmes et son fidèle compagnon, le Dr. Watson, alors qu'ils tentent de résoudre le mystère de la mort d'un aristocrate hanté par un chien.
Le Canada
Le 1er octobre 1997, le Canada a émis un bloc philatélique intitulé « Le surnaturel ». Le bloc présente une série de quatre timbres, chacun illustrant une créature surnaturelle issue de l’imaginaire collectif.
Le thème illustré sur chaque timbre-poste est inscrit en anglais et en français, soulignant que le Canada a deux langues officielles. Chaque timbre a une valeur monétaire de 45 cents, le cent étant la subdivision du dollar canadien.
Le vampire sur ce timbre-poste est représenté avec une expression menaçante et intense. Son visage est pâle avec des traits anguleux et ses yeux rouges brillent d'une lueur surnaturelle. Il est vêtu d'un long manteau noir, vêtement associé à l'iconographie vampirique. Une chauve-souris prend son envol devant lui, ajoutant du mouvement à l'illustration.
Le second timbre-poste du bloc philatélique présente un loup-garou. La créature a un visage expressif, avec des traits exagérés qui mettent en avant ses caractéristiques bestiales. Le loup-garou est montré levant une main vers la pleine lune, un symbole classique du changement et de la transformation qui accompagne la légende du loup-garou.
Le fantôme est une autre créature des croyances folkloriques. Il est représenté avec une tête de squelette, donnant une dimension effrayante à l'image. Il semble émerger d'une tombe, ce qui renforce son lien avec les morts.
Le dernier timbre-poste du bloc canadien montre un lutin qui semble se cacher derrière des branches. Les lutins sont des petites créatures humanoïdes, souvent laides, avec des traits exagérés comme des nez crochus, des oreilles pointues et des yeux brillants. Ils sont décrits comme rusés, malicieux ou même malveillants.
Dracula : un atout touristique à double tranchant
Lors de sa publication, le roman Dracula reçut des critiques mitigées : certaines critiques ont salué l'originalité de l'œuvre et son atmosphère gothique alors à la mode, tandis que d'autres l'ont trouvée trop grotesque ou sensationnaliste.
L'héritage controversé de Dracula en Roumanie
L’impact de Dracula en Roumanie, pays d'origine du personnage historique qui a inspiré le comte Dracula, est bien plus complexe et nuancé.
Certains Roumains ressentent une forme de dévalorisation de leur identité nationale en raison de l'association systématique entre leur pays et les vampires. Ils regrettent que l'image négative véhiculée par le roman de Stoker éclipse les aspects positifs de leur culture et de leur histoire.
Vlad l'Empaleur et le comte Dracula : le tourisme vampirique
Le roman de Bram Stoker a indéniablement contribué au développement du tourisme en Transylvanie. Des châteaux (Bran Castle), des villages (Sighișoara) et des paysages (les Carpates) ont été associés à l'univers de Dracula, renforçant ainsi l'image de la Roumanie comme étant « le pays des vampires ».
Le roman de Stoker a aussi brouillé les lignes entre le personnage historique, Vlad l’Empaleur, et Dracula, la créature de fiction de Bram Stoker, ce qui a suscité des débats et des controverses.
L'héritage de Dracula : de la littérature à la culture populaire
Bien que Dracula ne soit pas le premier vampire de la littérature, c'est le roman de Bram Stoker qui a établi les bases du mythe moderne du vampire. Avec son atmosphère sombre et ses personnages inoubliables, Dracula reste un chef-d'œuvre de la littérature gothique et continue d'influencer la culture populaire plus d'un siècle après sa publication.
Les timbres-poste qui commémorant l’univers de Dracula ne se contentent pas de célébrer un célèbre roman : ils rendent hommage à l'héritage complexe d'un personnage à la fois historique et fictif. Ces émissions philatéliques témoignent ainsi de la fascination persistante qu'exerce Dracula sur le monde en tant qu'icône littéraire et culturelle malgré les controverses liées à son image.
Cette chronique se termine par la présentation d’un feuillet philatélique irlandais commémorant le centenaire de la mort de Bram Stoker. Sur cette émission du 19 avril 2012, on voit le comte Dracula qui se dirige vers un cinéma. Celui-ci affiche le film Dracula et mentionne que le film est destiné aux plus de 18 ans.
Dracula à l'affiche : de la littérature au cinéma
Derrière une porte vitrée, on aperçoit une employée à la billetterie qui a l’air inquiète en voyant s’avancer Dracula. L'ambiance générale est sombre, avec des tons noirs, rouges et blancs qui renforcent l'aspect terrifiant du thème.
Le premier timbre-poste du feuillet montre un portrait de Bram Stoker en noir et blanc. À l'arrière-plan, l'ombre d'une silhouette menaçante rappelle l'image iconique de Dracula.
Le second timbre montre le comte Dracula mordant le cou d'une victime, une figure féminine vulnérable. Dracula est représenté dans cette scène avec des traits marqués, des yeux perçants et un visage déformé par l’angoisse.
La prochaine chronique dévoilera le rôle déterminant de l’acteur Béla Lugosi dans le film Dracula de 1931 et de ses représentations sur les timbres-poste.
R. Simard
Références
[1] CAZACU, Matei, Dracula, 2004, Tallandier, p. 304-312.
[2] STOKER, Bram, Dracula dans Les évadés des ténèbres, traduit de l’anglais par Lucienne Molitor, 1989, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », p. 578.
[3] STOKER, Bram, Dracula… p. 579-580.
[4] STOKER, Bram, Dracula… p. 581.
[5] STOKER, Bram, Dracula… p. 584.
[6] STOKER, Bram, Dracula… p. 588.
[7] STOKER, Bram, Dracula… p. 590.
[8] STOKER, Bram, Dracula… p. 601.
[9] STOKER, Bram, Dracula… p. 603.
[10] STOKER, Bram, Dracula… p. 608.
[11] STOKER, Bram, Dracula… p. 609-610.
[12] STOKER, Bram, Dracula… p. 611.
[13] STOKER, Bram, Dracula… p. 662.
[14] STOKER, Bram, Dracula… p. 680.
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