Chronique sur l'histoire des grandes routes commerciales
Alors que l'Ukraine moderne se tourne vers l'avenir, elle puise depuis quelques décénies dans son passé pour renforcer ses liens historiques et culturels, comme en témoigne la route des Varègues aux Grecs. L’émission philatélique conjointe de l’Ukraine avec l’Estonie en 2003 célèbre l'importance historique des anciennes routes commerciales. Ces échanges ont contribué à la fondation de la Rus' de Kiev et sont à la base de l’identité nationale des Ukrainiens.
Les anciennes routes commerciales
Série philatélique ukrainienne
Émise le 17 septembre 2003
Les anciennes routes commerciales
Série philatélique estonienne
Émise le 17 septembre 2003
Émise conjointement par l’Ukraine et l’Estonie le 17 septembre 2003, la série philatélique « Les anciennes routes commerciales » célèbre l’héritage historique des voies commerciales qui ont façonné des relations économiques historiques et culturelles entre l'Ukraine et l'Estonie.
Cette série philatélique met en lumière la route des Varègues aux Grecs et la route commerciale de la Baltique qui, au fil des siècles, ont permis l'échange de marchandises, d'idées et de traditions entre ces régions.
Ces routes commerciales ont contribué à forger des liens culturels et économiques durables entre les différentes cultures. Leur utilisation a jeté les bases de nombreuses interactions politiques, sociales, religieuses et culturelles à travers l’Europe de l'Est et le bassin méditerranéen.
Ukraine et Estonie : un sceau pour une amitié historique
En émettant ensemble ces timbres-poste, l'Ukraine et l’Estonie reconnaissent l'importance de leurs relations, non seulement à travers les siècles passés, mais aussi dans le contexte contemporain.
Cette collaboration philatélique symbolise une amitié et une coopération continue entre deux pays qui partagent des histoires d'occupation, de lutte pour l'indépendance et de reconstruction nationale après la période soviétique.
Cette émission philatélique contribue à rapprocher les peuples ukrainiens et estoniens, tout en soulignant l'importance du dialogue et de la collaboration dans un contexte mondial en constante évolution.
Les Varègues : entre commerçants et conquérants
Les Varègues étaient originaires de Scandinavie, principalement du « royaume des Svear » (Suède). Au cours des IXe et Xe siècles, ils ont emprunté plusieurs routes fluviales de la Russie actuelle pour atteindre les marchés orientaux, où ils échangeaient des marchandises contre des produits de luxe.
Les Varègues étaient également des guerriers redoutés qui menaient régulièrement des raids pour s'emparer de biens le long des routes qu'ils parcouraient.
Les Varègues : des géants blonds remplis de tatouages
La description physique des Varègues, basée sur les sources historiques et archéologiques, reflète leur origine scandinave et leur mode de vie souvent rigoureux. Ils étaient physiquement impressionnants, avec des traits caractéristiques des Scandinaves : grands et robustes, aux cheveux clairs et aux yeux perçants.
Leur mode de vie impliquant la navigation, le combat et le travail physique leur conférait une musculature développée et une constitution solide. Leur taille, bien que difficile à déterminer, était probablement supérieure à celle de la moyenne des populations.
Leur apparence physique était renforcée par des éléments culturels tels que des tatouages, des vêtements fonctionnels ornés, des cheveux longs tressés et des barbes soignées. L’apparence physique des Varègues contribuait à leur réputation de guerriers redoutables et de figures d'autorité dans les régions où ils s'établissaient.
Au Xe siècle, le philosophe et historien iranien Ibn Miskawayh les décrit ainsi :
Ils sont naturellement forts et extrêmement courageux. Ils ne connaissent pas leur défaite et aucun d’eux ne tourne le dos avant qu’il ne soit tué ou qu’il ait tué. […] Un Rus' combat avec une lance et un bouclier, et il porte une épée suspendue à lui dans son fourreau[1].
Dans son récit Voyage chez les Bulgares de la Volga, Ahmad Ibn Faḍlan, ambassadeur du calife abbasside, a laissé une description de ces « Rus » (روس) qu’il a observés :
Je n’ai jamais vu d’hommes si bien faits. Ils ressemblent à des palmiers. Ils sont blonds et rougeauds. […] Chacun porte une hache, un sabre et un couteau dont il ne se sépare jamais. […] Ils ont sur leur corps, de l’extrémité des ongles au cou, des tatouages représentant des arbres, des figures ou autres[2].
L'apparence physique des Varègues était le reflet de leur mode de vie exigeant et de leur renommée en tant que redoutables guerriers.
La culture des Varègues : entre l’épée et la bourse
La culture des Varègues était marquée par une organisation sociale fondée sur des chefs de clans et une religion païenne centrée sur des divinités comme Odin et Thor et Týr.
Les Varègues étaient aussi d’habiles commerçants qui ont joué un rôle important dans les échanges entre l'Europe du Nord, l'Empire byzantin et le Moyen-Orient. Leur expertise en navigation et en commerce leur a permis de relier des cultures et des économies différentes.
Ils parlaient une langue germanique nordique, communément appelée le norrois, qui a progressivement évolué pour donner naissance aux langues scandinaves modernes comme le suédois, le danois, l'islandais et le norvégien. Cet héritage linguistique continue d'unir les peuples scandinaves aujourd'hui.
Les knörr : des outils de conquête et de commerce
Au cœur de la culture de ces commerçants du Nord, les bateaux occupaient une place centrale. Véritables outils de commerce, de conquête et de communication, les bateaux des Varègues étaient adaptés aux spécificités des voies maritimes et fluviales qu’ils empruntaient.
Le knörr était un navire scandinave conçu principalement pour le transport commercial. Ce type d’embarcation était parfait pour le cabotage –navigation près des côtes– qui était essentiel pour le commerce dans les régions où les marchés étaient dispersés le long du littoral.
Large et robuste, doté d’un fond plat et d’une coque peu profonde, le knörr se prêtait au portage qui était une pratique courante dans la navigation fluviale des marchands Scandinaves. Cette technique consistait à décharger un navire de sa cargaison, puis à transporter à bras d'hommes le navire et la cargaison par voie terrestre sur une courte distance, jusqu'à l'atteinte d'un autre point d’eau navigable.
Une autre technique de portage des bateaux consistait à les faire avancer en les faisant rouler sur des rondins que l'on déplaçait au fur et à mesure.
Le portage d'un bateau par les Varègues
Pour mener à bien leurs expéditions marchandes, les Varègues devaient composer avec la diversité des voies navigables qu’ils empruntaient. Les navires utilisés sur la mer Baltiques cédaient la place à des embarcations plus agiles pour s'aventurer dans les méandres fluviaux à l'intérieur des terres. Le knörr comportait ainsi plusieurs variantes que les Varègues utilisaient successivement au cours de leurs voyages :
S’il est plus petit, c’est une eikja (une sorte de petit bachot) ou une ferja (bachot plus large, voyez ferry). Un cotre est une skúta, une barque ou chaloupe, bátr. Semblent avoir été plus expressément réservés au transport des marchandises des nefs plus grosses et plus lourdes […] le byrðingr (idée de fardeau, byrðr), le kuggr (sur la coque frisonne), terme d’ensemble kaupskip, bateau (skip) marchand [kaup]. Le karfi, comme la skúta, pourrait avoir désigné un bateau à tout faire, en quelque sorte[3].
Ces bateaux jouaient ainsi un rôle de premier plan dans le commerce et les conquêtes des Varègues. Ils facilitaient les échanges à travers les vastes réseaux maritimes et fluviaux de l'Europe du Nord et de l'Est.
La Rus' de Kiev : quand les Varègues fondèrent un royaume
En s'installant dans des régions peuplées de Slaves, les Varègues ont progressivement adopté des coutumes locales tout en y introduisant leurs propres traditions. Leurs mariages avec ces populations ont contribué à un métissage culturel et linguistique, marquant le début d'une fusion entre les cultures slaves et scandinaves.
Les Varègues ont également joué un rôle important en tant que colonisateurs et fondateurs de villes. Ils ont établi des colonies qui sont devenues des centres importants de commerce et de pouvoir, dont celui de Kiev.
En effet, en 882, le vent de la conquête varègue avait balayé Kiev : Oleg, un Scandinave aux origines obscures, s'était emparé de cette ville qui devint le berceau de la Rus' de Kiev, une nouvelle entité politique s'étendant sur les terres slaves de l'Est. Les Varègues renommèrent Kiev Kønugárd, marquant ainsi leur domination dans cette région.
L’étymologie du terme Kønugárd peut être décomposée en deux parties :
- kønu : version scandinave du mot slave Киев (Kiev du nom Kyj, un fondateur légendaire de la ville) ;
- gárd : ce mot norrois signifie « domaine fortifié ». Il est utilisé pour désigner un domaine ou une forteresse.
Ainsi, Kønugárd pourrait être traduit par « domaine de Kiev » ou « forteresse de Kiev ».
La Rus' de Kiev est ainsi devenue un centre économique et culturel important. Cette entité politique a jeté les bases des futures nations slaves de Russie, d'Ukraine et de Biélorussie. Le terme « Rus' » a finalement évolué pour désigner les peuples et les territoires liés à cet héritage, donnant naissance à l'identité « russe »[4].
Carte de la Rus' de Kiev : VIIIe-XIIe siècles
Cette carte est reproduite avec autorisation et provient de L’Atlas historique mondial, L’Histoire-Les Arènes, 2019, p. 148.
La route des varègues aux Grecs : de la Scandinavie à Constantinople
Les Varègues utilisaient plusieurs itinéraires fluviaux pour se rendre à Constantinople, capitale de l’Empire byzantin, et à Bagdad, capitale du califat abbasside. Ces itinéraires fluviaux étaient essentiels pour établir des réseaux d'échanges entre l'Europe du Nord, la mer Noire et le Moyen-Orient.
Constantinople –aujourd'hui Istanbul en Turquie– était une ville stratégique pour le commerce. Connue pour sa richesse, ses marchés florissants et ses trésors, elle se trouvait à la croisée des routes commerciales entre l'Orient et l'Occident. Constantinople était une destination de choix pour les Varègues, en quête de produits de luxe.
Pour aller à Constantinople depuis la Scandinavie, la route du fleuve Dniepr –fleuve partagé entre la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine actuelles – constituait l’itinéraire le plus direct pour atteindre l’empire byzantin. Cette route était appelée « la route des Varègues aux Grecs ».
La route du fleuve Dniepr : un parcours semé d’embûches
Serpentant à travers les paysages majestueux de la Russie, de la Biélorussie et de l'Ukraine, la route du fleuve Dniepr était un itinéraire truffé d'épreuves, où chaque tournant révélait des opportunités inattendues ou des dangers insoupçonnés. Le parcours de cette route illustrait les défis d'un commerce riche en aventures.
Les grandes étapes de la route du fleuve Dniepr se présentaient ainsi :
1. Le départ de la Scandinavie
Les Varègues profitaient des premières chaleurs du printemps pour entamer leur long périple qui devait durer toute la saison estivale. Ils partaient généralement de l'île suédoise de Gotland ou de Birka, une ville importante à l'ouest de l'actuelle Stockholm. Ils traversaient la mer Baltique en passant par les îles et les côtes finlandaises et estoniennes.
2. La traversée de la Russie actuelle
Les Varègues empruntaient ensuite le fleuve Neva, qui les conduisait jusqu'au lac Ladoga, situé dans le nord-ouest de la Russie actuelle, près de la frontière finlandaise. De là, ils entraient dans la rivière Volkhov, qui relie le lac Ilmen au lac Ladoga sur une longueur d'environ 224 kilomètres. La forteresse de Staraya Ladoga était un important centre de commerce des Varègues. C'était souvent la première grande étape sur leur route.
Continuant le long de la rivière Volkhov, les Varègues atteignaient Novgorod (Holmgárd en langue norroise), un autre centre commercial important. Novgorod était un carrefour commercial et culturel majeur de la route des Varègues aux Grecs.
Le prince de Novgorod jouait un rôle important en tant que chef de cette région. Il supervisait le commerce et les alliances stratégiques avec d'autres principautés. Ce prince était responsable de la défense de la ville et garantissait la sécurité des habitants de cette importante cité marchande.
Dans un récit consacré au roi norvégien Olaf Haraldsson, une scène montre que Novgorod est reconnu comme un endroit où l’on peut trouver des biens de luxe :
[Le roi s’adressa à Guðleikr] lui demandant de lui acheter des choses précieuses, difficiles à se procurer ici dans le pays. […] En été, Guðleikr s’en alla sur la route de l’Est jusqu’à Holmgárðr et y acheta des fourrures magnifiques qu’il destinait au roi pour se faire un costume d’apparat, et en outre des peaux de grand prix ainsi qu’un service de table superbe[5].
Cet extrait illustre le statut prestigieux de Novgorod en tant que source de richesses raffinées, essentielles pour la cour des rois scandinaves.
3. De Novgorod à Kiev
En partant de Novgorod, les Varègues empruntaient la rivière Lovat qui les conduisait dans une zone où leurs bateaux devaient être transportés par voie terrestre. Après un portage des bateaux et des marchandises, ils entraient dans le fleuve Dniepr à Gnjozdovo (près de Smolensk), une autre ville commerciale importante.
Les fouilles archéologiques à Gnjozdovo ont révélé une abondance d'objets témoignant de la richesse des échanges commerciaux dans cette région. Parmi ces objets, on mentionne des bijoux scandinaves et des monnaies arabes.
Les Varègues descendaient le fleuve Dniepr jusqu'à Kiev, capitale de la Rus' de Kiev. Carrefour stratégique de la route des Varègues aux Grecs, Kiev était un centre commercial vibrant où se croisaient les marchandises de l'Europe de l'Est et celles de l'Empire byzantin.
Centre commercial sur une rivière de la route des Varègues aux Grecs
Des fouilles archéologiques à Kiev ont mis à jour des vestiges de fortifications, de bâtiments publics et d'habitats qui peuvent être attribués, au moins en partie, à la période varègue. L'identification précise des éléments varègues est cependant rendue difficile par les superpositions de constructions et les remaniements du sol.
Les fouilles archéologiques ont toutefois permis de découvrir des sépultures contenant des objets caractéristiques de la culture varègue, tels que des armes, des bijoux et des objets en bois.
4. Le passage des rapides du fleuve Dniepr
Après un arrêt à Kiev, les Varègues reprenaient le fleuve et s’engageaient dans la région des rapides du fleuve Dniepr. Ces rapides étaient une succession d'affleurements rocheux qui perturbaient considérablement l'écoulement du fleuve. S'étendant sur environ 66 kilomètres, entre Dnipro et Zaporizhzhia, ils provoquaient une dénivellation d'environ 50 mètres.
Au nombre de sept, selon les écrits de l’époque, ces rapides constituaient la partie la plus dangereuse du voyage. Les bateaux devaient être halés –retenus par des cordes que l’on tirait depuis la rive– ou transportés par voie terrestre jusqu’à l’atteinte des eaux plus calmes. Les Varègues devaient souvent réparer leurs bateaux ou même les reconstruire après avoir traversé cette région.
La Saga d'Yngvarr le Grand Voyageur, qui est une œuvre littéraire islandaise rédigée au début du XIIIe siècle, raconte l'épopée d'un chef viking et de ses hommes parcourant les fleuves et les rivières de la Russie. Le texte ne mentionne pas expressément qu’il s’agit de la route des Varègues aux Grecs, mais la description de l’épopée peut donner une idée de ce que cela pouvait être :
[Yngvarr] suivit la rivière jusqu’à ce qu’il arrive à une grande cascade dans un gorge étroite. Il y avait là de hautes falaises, si bien qu’ils purent haler leurs bateaux avec des câbles. Puis ils les remirent à flot et poursuivirent aussi longtemps qu’ils ne notèrent rien de spécial[6].
Les Varègues halent un bateau
Le même texte raconte encore :
Il y avait là des falaises si hautes qu’ils ne purent haler leurs bateaux avec des cordes. Ils firent progresser leurs bateaux le long des rochers aux endroits de la rivière où le courant s’apaisait un peu. Il y avait là un petit intervalle entre les rochers et c’est là qu’ils abordèrent, le sol était plat et détrempé[7].
Les Varègues se reposent sur une rive
Ces passages mettent en lumière les périls que pouvaient représenter les expéditions des Varègues à travers la Rus' de Kiev. Bien que centrée sur une autre histoire, la Saga d'Yngvarr le Grand Voyageur renforce notre compréhension sur les défis liés à la route des Varègues aux Grecs.
Vers 950, l'empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète rédigea un ouvrage intitulé À mon propre fils Romain (Πρὸς τὸν ἴδιον υἱὸν αὐτοῦ Ῥωμανὸν). Dans cet ouvrage, il décrit en détail la façon dont les Varègues traversaient les rapides périlleux du Dniepr.
Fait intéressant, l'empereur Constantin mentionne ces rapides en utilisant les noms donnés par les Varègues qu’il a orthographiés en caractères grecs :
Rapides | Nom en langue norroise | Nom orthographié en grec | Signification |
---|---|---|---|
1 | Sof eigi | (Terme manquant) | « ne dors pas » |
2 | Holmfors | Ουλβορσι | « île-cascade » |
3 | Gellandi | Γελανδρι | « rugissant » |
4 | Eyforr | Αειφορ | « toujours violent » |
5 | Barufors | Βαρουφορος | « vague-cascade » |
6 | Hlæjandi | Λεαντι | « rire » |
7 | Strukum | Στρουκουν | « [aux] rapides » |
Selon plusieurs linguistes, il est attesté que les noms russes de ces rapides trouvent effectivement leur origine dans la langue norroise[8].
La mise en service de la centrale hydroélectrique de Zaporijia par l’Union Soviétique en 1932 a modifié radicalement cet environnement. La création d’un vaste réservoir, entre Zaporijia et Dniepr, a transformé le paysage en inondant les rapides, autrefois passage obligé des navigateurs[9].
5. L’atteinte de la mer Noire
Après avoir traversé les rapides, les Varègues atteignaient la mer Noire en passant par la ville de Chersonèse (près de l'actuelle Sébastopol en Crimée), un poste avancé byzantin. Cette ville était une base militaire pour protéger les frontières de l'Empire face aux incursions des peuples nomades. Elle constituait un premier point d’échanges entre les Varègues et les marchands byzantins.
6. L’arrivée à Constantinople
De Chersonèse, les Varègues suivaient la côte ou traversaient la mer Noire en direction de Constantinople, connue sous le nom de Miklagárd (« grande ville ») en langue norroise. Constantinople était le point final de la route, où les Varègues pouvaient pratiquer leurs échanges commerciaux avec les Byzantins.
Des fourrures et des esclaves à Constantinople
Avant de présenter leurs marchandises aux acheteurs, les Varègues offraient des sacrifices rituels à leurs dieux pour favoriser la prospérité de leurs activités commerciales. Le voyageur arabe Ibn Faḍlan raconte dans ses récits de voyage :
Le marchand s’approche de la figure élevée, se prosterne auprès et dit : « Ô, mon dieu, je suis venu de loin avec tant et tant d’esclaves et tant et tant de peau de zibeline […] Je souhaite que tu fasses venir à moi un marchand qui possède beaucoup de dinars et de dirhams et qu’il achètera à mes conditions sans me contredire », sur quoi, il s’en va[10].
Les marchands Scandinaves accordaient une grande valeur aux pièces d'or et d'argent des califats arabes (les dinars et les dirhams), comme en témoignent les nombreuses monnaies arabes retrouvées dans les sites archéologiques d'Europe du Nord.
Parmi les biens typiques échangés par les Varègues, on pouvait trouver :
Les fourrures d’animaux, qui étaient très prisées à Constantinople et dans le reste de l'Europe. Les vastes forêts et toundras des régions scandinaves, de la Rus' de Kiev, et des territoires slaves étaient riches en animaux à fourrure, comme les martres, les castors, les renards, et les lynx.
Ces fourrures, particulièrement celles des martres et des castors, étaient recherchées pour leur qualité exceptionnelle. Dans l'Empire byzantin, les fourrures nordiques étaient utilisées pour confectionner des vêtements chauds et somptueux, des accessoires et des ornements pour l'aristocratie et la noblesse.
En raison de leur rareté et de la difficulté d'approvisionnement, les fourrures atteignaient des prix très élevés sur les marchés byzantins.
Représentation d'un manteau byzantin orné de fourrure
L'ambre, surnommé « l'or du Nord », est une résine fossilisée que l’on retrouvait en grande quantité sur les rivages de la mer Baltique. Les Byzantins et les autres civilisations méditerranéennes utilisaient l’ambre pour fabriquer des bijoux et des objets d'art.
Représentation de bijoux d'ambre
Les bijoux en ambre étaient portés par les élites, les nobles, et parfois les membres de la cour impériale byzantine. Leur rareté, due à leur provenance des régions lointaines, en faisait un symbole de richesse et de pouvoir.
L'ambre était aussi associé à des propriétés mystiques et protectrices dans l'Empire byzantin, comme dans de nombreuses cultures antiques. On croyait qu'il pouvait repousser le mal, guérir certaines maladies, et même attirer des forces spirituelles bénéfiques. En raison de ces croyances, les objets en ambre étaient parfois utilisés comme talismans ou amulettes.
Produits abondamment dans les forêts de la Rus' de Kiev, la cire et le miel étaient également recherchés dans les régions méditerranéennes.
Le miel servait non seulement comme édulcorant, mais aussi comme conservateur naturel. Il avait également des utilisations médicinales et rituelles, ce qui renforçait sa valeur dans les échanges commerciaux.
La cire d'abeille était indispensable pour la fabrication de bougies, essentielles à la vie quotidienne, particulièrement dans les églises, les monastères, et les foyers aristocratiques. La cire servait également à sceller des documents importants, contribuant ainsi aux pratiques administratives et juridiques.
La traite des esclaves constituait une part importante du commerce des Varègues, avec des captifs vendus à Byzance et au Moyen-Orient.
Cette traite humaine, qui évoque une partie sombre de l’histoire de la route des Varègues aux Grecs, eut un impact profond sur les sociétés slaves, contribuant à la déstructuration de certaines communautés tout en enrichissant les économies des régions de la mer Baltique et de la mer Noire.
De nombreux esclaves provenaient des guerres menées par les peuples scandinaves. Les prisonniers, capturés lors de ces conflits, étaient souvent réduits en esclavage.
Les Varègues installés en Russie organisaient des raids dans les territoires voisins pour capturer des esclaves. Les tribus baltes, qui peuplaient les régions au sud est de la mer Baltique, étaient également victimes de ces captures.
Dans certaines régions, des populations locales étaient forcées de payer un tribut sous forme de personnes capturées, qui étaient ensuite vendues sur les marchés d'esclaves. Certaines communautés pouvaient également vendre leurs propres membres ou ceux d'autres communautés, en situation de famines ou de difficultés économiques.
La Rus' de Kiev : une plaque tournante du marché des esclaves
Selon certains historiens, la Rus' de Kiev et d'autres villes voisines disposaient de lieux spécialement conçus pour garder les captifs avant leur mise en vente. Les captifs, principalement des Slaves, étaient détenus dans des enclos ou des forteresses en attendant d'être acheminés vers des marchés plus importants[11].
Cette infrastructure de stockage et de transit témoignait de l'importance de Kiev et de ses environs dans le commerce des esclaves à l'époque.
À Constantinople, les hommes slaves étaient vendus comme esclaves pour travailler dans les domaines agricoles, les mines ou comme serviteurs dans les riches domaines byzantins. Leurs compétences et leur résistance physique en faisaient une main-d'œuvre prisée.
De même, à Bagdad, les esclaves slaves étaient très demandés pour effectuer des tâches domestiques ou administratives et ils étaient souvent enrôlés dans les armées comme soldats.
Des hommes slaves travaillent dans un domaine agricole de l'Empire byzantin
Les filles slaves, quant à elles, étaient recherchées dans la capitale byzantine pour leur beauté et leur jeunesse. Elles étaient souvent destinées à des rôles domestiques dans les riches foyers, mais pouvaient également être vendues pour devenir concubines ou servantes dans les harems de l'élite byzantine.
Ce commerce des jeunes femmes slaves répondait à une demande constante de la société byzantine pour des servantes venues des régions frontalières, considérées comme exotiques. Il en était de même pour les filles slaves vendues au Moyen-Orient.
Des jeunes femmes slaves exercent des tâches domestiques chez des aristocrates byzantins
Or, soie, épices : les trésors prisés par les Varègues
Les Varègues rapportaient de Constantinople une variété de produits précieux et exotiques, qui étaient prisés en Europe du Nord et dans la Rus' de Kiev. Parmi les principaux produits recherchés par les Varègues, on pouvait trouver :
- La soie byzantine, qui symbolisait le luxe par excellence[12] ; les Varègues rapportaient des tissus de soie pour les élites de la Rus' de Kiev et de la Scandinavie ;
- Les Varègues ramenaient aussi des bijoux, des objets en or et en argent, ainsi que des pierres précieuses ; les artisans byzantins étaient connus pour leur savoir-faire en joaillerie ;
- Les épices, telles que le poivre, la cannelle et le clou de girofle, étaient très recherchées en Europe du Nord pour la cuisine et les usages médicinaux ;
- Les vins de l'Empire byzantin étaient considérés comme de grande qualité et étaient importés pour la consommation des élites ;
- Avec l'influence croissante du christianisme, les icônes byzantines et autres objets religieux, comme des croix et des reliques, étaient particulièrement demandés dans la Rus' de Kiev ;
- Les Varègues ramenaient encore des armes, des boucliers et des armures fabriqués selon les standards avancés de Byzance, renforçant ainsi leurs capacités militaires ;
- Les pièces d'or et d'argent byzantines, telles que le solidus, étaient non seulement des moyens d'échange, mais aussi des symboles de prestige pour les élites scandinaves.
Les Varègues dans une rue commerçante byzantine
Ces échanges contribuaient certes à enrichir les Varègues, mais favorisaient également un transfert culturel entre l'Empire byzantin et les régions nordiques. Sous le règne de Volodymyr Sviatoslavovych, la consolidation du pouvoir à Kiev et l'adoption du christianisme orthodoxe en sont des exemples marquants.
L’apogée de la Rus' de Kiev : le règne de Vladimir 1er
Volodymyr Sviatoslavovych, mieux connu sous le nom de Vladimir 1er, est une figure emblématique de l'histoire ukrainienne. Il régna comme grand-prince de Kiev de 980 à 1015. Né vers 958, il est le fils de Sviatoslav Ier, prince de Kiev, et de Malusha, une concubine.
Sviatoslav Ier régna de 945 à 972. Il est souvent décrit comme un chef de guerre énergique et expansionniste. Son gouvernement s’est caractérisé par une série de campagnes militaires agressives qui ont considérablement étendu le territoire de la Rus' de Kiev.
Malgré ses succès militaires, le gouvernement de Sviatoslav manquait d'organisation administrative et sa mort, en 972, lors d'une embuscade tendue par les Petchenègues, laissa la Rus' de Kiev dans un grand état de fragilité.
À la mort de leur père, les frères aînés de Vladimir, Yaropolk et Oleg, s’affrontèrent pour le contrôle des terres. Vladimir, alors prince de Novgorod, s'était exilé en Scandinavie pour éviter d'être tué.
Selon les sources historiques, Vladimir avait cherché l'appui militaire et politique de Hákon Sigurðsson, un chef puissant de Norvège. Grâce à cette alliance, Vladimir avait pu lever une armée composée de 2000 à 3000 guerriers, à la tête de laquelle il était retourné en Rus' de Kiev.
Vladimir Sviatoslavovych demande l'aide du chef norvégien Hákon Sigurðsson
Vladimir assiégea Kiev et tua son frère Yaropolk. Il s'empara du pouvoir, unifiant ainsi la Rus' de Kiev sous son autorité. C’est sous le règne de Vladimir Ier que Kiev devint un centre majeur de commerce, de religion et de culture dans l'Europe de l'Est.
Le siège de Kiev par l'armée de Vladimir Sviatoslavovych
La route des Varègues aux Grecs et les échanges politiques et culturels
La Route des Varègues aux Grecs n'était pas seulement un « corridor de commerce », mais aussi un vecteur d'échanges politique et culturel : ces échanges entre la Rus' de Kiev et l'Empire byzantin se sont manifestés par l'intégration de la garde varègue à Constantinople et l'adoption du christianisme orthodoxe par Vladimir Ier.
La garde varègue et Constantinople
En 987, l'empereur byzantin Basile II sollicite l'aide de Vladimir pour réprimer une révolte menée par une famille puissante byzantine. L'empereur, ayant perdu confiance en sa garde byzantine, cherchait à renforcer sa sécurité avec une garde composée de mercenaires étrangers dévoués. Il conclut avec Vladimir un traité prévoyant l’envoi de 6 000 hommes pour sa garde personnelle.
La garde varègue de l'empereur byzantin
En échange, Vladimir obtint la main de la princesse Anna Porphyrogénète, sœur de l’empereur. Par ce mariage, Vladimir voulait renforcer ses liens avec l'Empire byzantin, qui était l'une des puissances majeures de l'époque.
Véritable élite guerrière, les Varègues étaient les protecteurs les plus fidèles de l'empereur et les fers de lance de l'armée byzantine. Connus pour leur loyauté inébranlable et leur courage au combat, les Varègues étaient redoutés pour leur discipline sans faille et leur habileté à manier les armes.
La présence de ces guerriers à Constantinople reflétait les échanges culturels et les alliances entre les Byzantins et les peuples du Nord. La Garde varègue est restée une force redoutée et respectée jusqu'en 1204, lors de la prise de Constantinople par les forces latines[13].
Vladimir Ier et le baptême de la Rus' de Kiev
Après son mariage, Vladimir 1er se convertit au christianisme de rite byzantin en 988, un événement qui transforma profondément son royaume.
La conversion du peuple de Vladimir le Grand s'est déroulée de manière spectaculaire et symbolique sur les rives du fleuve Dniepr. Selon les chroniques, Vladimir ordonna la conversion de toute sa population à cette nouvelle foi.
Il rassembla les habitants de la Rus' de Kiev au bord du fleuve Dniepr et les exhorta à se faire baptiser. Ce jour-là, sous la direction des prêtres byzantins, hommes, femmes et enfants entrèrent dans les eaux du fleuve pour recevoir le baptême collectif.
Les habitants de la Rus' de Kiev sont baptisés dans fleuve Dniepr
Cet acte marqua non seulement l'adoption officielle du christianisme dans la Rus' de Kiev, mais fut aussi un moment de transition culturelle et spirituelle : la nation Kiévienne était maintenant ancrée dans la tradition chrétienne orthodoxe.
Vladimir mourut en 1015 et fut canonisé au milieu du XIIIe siècle. Il est vénéré comme saint à la fois par l'Église catholique et l'Église orthodoxe.
À la même époque, l’alphabet cyrillique fut adopté comme écriture officielle pour les textes religieux et administratifs. Introduit en Ukraine à partir du Xe siècle, l’alphabet cyrillique est directement lié à l'œuvre missionnaire de deux frères originaires de Thessalonique, Cyrille et Méthode. Envoyés par l'Empereur byzantin Michel III en 863, leur mission était de convertir les peuples slaves au christianisme tout en respectant leur langue et leur culture.
Cet alphabet a joué un rôle important dans l'unification culturelle et religieuse des territoires ukrainiens, facilitant l'émergence d'une littérature slavonne écrite. Il demeure encore aujourd’hui à la base de l'écriture utilisée en Ukraine et dans plusieurs autres pays slaves à ce jour.
Représentation de saint-Vladimir
L’Ukraine et la route des Varègues aux Grecs
Le timbre-poste comporte plusieurs éléments visuels qui mettent en valeur le thème de la route des Varègues aux Grecs et le rôle historique de l'Ukraine dans ce contexte.
Le timbre illustre une scène vivante avec un navire traditionnel varègue, reconnaissable à sa haute proue ornée et sa grande voile rouge. Des boucliers sont fixés le long des flancs, caractéristiques des embarcations utilisées par les Scandinaves pour le commerce, les raids, et l'exploration.
Sur le navire, plusieurs personnages en tenues d'époque rament et manœuvrent le bateau sur ce qui semble être une eau calme. À l'arrière-plan, une carte ancienne ajoute un contexte historique et géographique : la mention Византийская империя (empire byzantin) montre la destination finale de la route commerciale qui est Constantinople.
Sur la droite, le prix facial de 80 kopecks est indiqué dans un design qui rappelle les tampons postaux anciens. Le kopeck est la subdivision de la monnaie ukrainienne : 100 kopecks valent 1 hryvnia. La hryvnia est la devise monétaire de l’Ukraine depuis le 2 septembre 1996. Le mot Україна (Ukraine) affirme l'identité nationale du timbre.
Le srebrenik de Vladimir Ier : la monnaie de la Rus' de Kiev
L’illustration montre encore une pièce de monnaie frappée sous Vladimir Sviatoslavovich, le srebrenik (cребряник). Le srebrenik était une pièce d'argent frappée en Rus' de Kiev ; le mot « srebrenik » dérive de « srebro », qui signifie « argent » en slavon.
Les srebreniki portaient des inscriptions en slavon et en grec, ainsi que des motifs religieux et princiers. Le srebrenik le plus connu représente d'un côté le prince Vladimir Ier avec l'inscription « Владимиръ на столе » (Vladimir sur le trône).
Un srebrenik frappé à l'effigie de Vladimir Ier
Le zlatnik (« or » en slavon) était une autre monnaie frappée sous Vladimir Ier. Cette pièce d'or, inspirée des solidus byzantins, avait inauguré la frappe monétaire dans la Rus' de Kiev. Bien que le zlatnik ait été la monnaie la plus prestigieuse pour Vladimir Ier, les srebreniki étaient plus courants, en raison de la disponibilité plus abondante de l'argent par rapport à l'or. Les srebreniki étaient de ce fait plus adaptés aux transactions quotidiennes.
La Rus' de Kiev, Vladimir et l'art de la monnaie
Les ateliers monétaires de Kiev furent les principaux centres de frappe des monnaies de Vladimir. Ces ateliers utilisaient des techniques influencées par leurs voisins byzantins et islamiques, créant ainsi une numismatique unique qui reflétait à la fois des influences locales et étrangères.
L'émission de ces monnaies a contribué à renforcer le pouvoir central de Vladimir Ier. Elles facilitaient les échanges économiques entre la Rus' de Kiev et ses voisins et permettaient de collecter des impôts, de payer les soldats et de soutenir les infrastructures et le commerce.
En frappant des monnaies similaires à celles de Byzance, Vladimir Ier facilita l'intégration de la Rus' de Kiev dans les réseaux commerciaux et économiques européens.
Les monnaies étaient aussi des outils de propagande, projetant l'image de Vladimir Ier comme un prince puissant et chrétien, à l'image des empereurs byzantins.
La route des Varègues aux Grecs : un pont culturel entre l'Est et l'Ouest
La route des Varègues aux Grecs représente bien plus qu'un simple itinéraire commercial : en naviguant sur le fleuve Dniepr, les Varègues ont à la fois échangé des biens précieux et participé à la diffusion d'idées, de pratiques religieuses et d'influences culturelles.
L'adoption du christianisme par Vladimir Ier et la création d'une monnaie indépendante témoignent de la transformation profonde de la Rus' de Kiev, qui s'est affirmée comme un acteur clé dans le paysage européen de l’Est.
La route commerciale des Varègues aux Grecs n'était pas la seule voie impliquée les échanges et les alliances de la Rus' de Kiev. La route commerciale de la Baltique, moins connue, mais tout aussi importante, offrait également des perspectives de prospérité et d'expansion. Quels étaient les enjeux de cette autre voie d'échanges ? Plongeons maintenant dans l’histoire captivante de la route commerciale de la Baltique, un autre carrefour de cultures et de richesses.
R. Simard
Références
[1] RENAUD, Jean, Les Vikings. Vérités et légendes, 2019, Perrin, p. 64.
[2] SKIRDA, Alexandre, La traite des Slaves. L’esclavage des blancs du VIIIe au XVIIIe siècle, 2015, Vétché, p. 153-154.
[3] BOYER, Régis, Les Vikings. Histoire et civilisation, 2004, Perrin, p. 89.
[4] RENAUD, Jean, Les Vikings.., p. 55.
[5] BOYER, Régis, La saga de saint Óláf tirée de la Heimskringla de Snorri Sturluson, 1992, Éditions Payot, p. 70-71.
[6] BOYER, Régis, La Russie des Vikings. Saga d’Yngvarr le Grand Voyageur suivie du Dit d’Eymundr Hringsson, Textes présentés, annotés et traduits de l’Islandais ancien par Régis Boyer, 2009, Anacharsis, p. 49.
[7] BOYER, Régis, La Russie des Vikings…, p. 52.
[8] WINROTH, Anders, Au temps des Vikings, traduit de l’anglais par Philippe Pignarre, 2018, Éditions La Découverte, p. 109-110.
[9] « Réservoir du Dniepr ». Encyclopédie Internet de l'Ukraine . Institut canadien d'études ukrainiennes. 2018. Consulté le 6 septembre 2024.
[10] IBN FADLAN, Ahmad, Voyage chez les Bulgares de la Volga, traduit de l’arabe par Marius Canard, Sindbad, 1989, p. 83.
[11] VERNADSKY, George, La Russie de Kiev (R), 2001, Moscou, p. 8.
[12] Grâce à des vers à soie introduits en secret depuis la Chine, Byzance fabriquait de la soie depuis le VIe siècle. L'Empire byzantin devint ainsi un centre majeur de production de soieries de haute qualité, alimentant ce commerce florissant en Europe et au Moyen-Orient.
Ajouter un commentaire
Commentaires